Europe, euro, assez ! Le temps de la rue est venu

Europe, euro, assez ! Le temps de la rue est venu

Combien de fois et pendant combien de temps faudra-t-il le dire et le redire : il n’y a plus d’Europe politique. Qu’est devenue cette confraternité qu’avaient imaginée les pères de la réunion des états européens, notamment pour permettre le progrès social et empêcher toute nouvelle guerre ? Un vaste supermarché où les firmes arrogantes et la finance toute puissante ont tous les pouvoirs devant des gouvernements qui se sont couchés.
On est stupéfait de contempler tous ces chefs d’états et tous ces ministres désormais prosternés devant ces dictatures financières qui se goinfrent, sans scrupules, dans les assiettes des pauvres. On est stupéfait d’autant de faiblesse, d’autant de lâcheté. Ont-ils abandonné tout courage de dire non ? Vont-ils continuer à regarder les grecs sombrer dans la pauvreté, voire dans la misère, en attendant les espagnols, les portugais, les italiens, les irlandais et, pourquoi pas, les français, alors que l’économie allemande se cassera aussi la figure car il n’y aura plus personne pour acheter quoi que ce soit.
Le traité européen, que j’ai qualifié autrefois de « concordat de notaire », que les français, bien plus circonspects que d’autres, apparemment, ont rejeté, et qu’on a imposé par un déni de démocratie, organise ce désastre. Le traité européen interdit l’entraide entre les états. Oui monsieur, oui, madame, il interdit l’entraide, dans un univers de compétition ravageur, construit sur le principe de l’écrasement des faibles par les forts. Il est interdit à la Banque Centrale Européenne de prêter aux états en difficulté. Elle ne prête qu’aux banques qui prêtent aux états trois fois plus cher, permettant à ces dernières de se gaver encore.
Et puisque les gouvernants ne comprennent rien, à moins qu’ils ne soient complices qui bénéficient du système, l’heure est venue du soulèvement populaire. La voie révolutionnaire est ouverte. Il n’est plus temps de négocier telle ou telle aide ou telle mesure « d’accompagnement ». Ce n’est pas le peuple européen qui a confectionné cette crise. Ce n’est pas le peuple européen qui en bénéficie.
Le moment de la rue est venu. Peut-être celui des barricades. Peut-être celui du drapeau rouge et du drapeau noir. Que les peuples désespérés se soulèvent avant que cette désespérance ne les conduise dans les bras de la peste brune !

Bakounine