Sarkozy ou le pouvoir personnel

Sarkozy ou le pouvoir personnel

« Non au pouvoir personnel ! » avons-nous crié dans les années de la fin du régime gaulliste. Nous avions le sentiment, assez largement justifié, que toutes les décisions descendaient de l’Elysée. Les députés votaient tout ce qu’on leur demandait de voter. Les institutions étaient à la botte, notamment la justice. Quant à la police, elle était tout aussi servile.
Sarkozy n’est pas gaulliste, mais il pratique le pouvoir personnel. Il décide de tout, encore plus que ce que faisait de Gaulle que certains sujets ennuyaient profondément. Les ministres sont aux ordres, y compris le premier d’entre eux, capables de dire aujourd’hui le contraire de ce qu’ils ont dit hier pour peu que le Président ait dit autrement. Ils ne ratent, d’ailleurs, pas une occasion d’encenser leur chef réputé capable de conduire avec discernement la seule politique envisageable. Naturellement l’Assemblée Nationale vote ce qu’on lui demande de voter. Quant à la justice, elle est largement servile à travers des hommes nommés par le pouvoir. Et quant à la police, c’est pire.
Même si la politique intérieure n’était rien moins que l’expression de la volonté d’un ordre moral et social réactionnaire, le Général de Gaulle était mu par « une certaine idée de la France ». A sa différence, Sarkozy n’est pas motivé par quelque idée que ce soit, tant il a montré qu’il pouvait changer de façon pusillanime selon les situations. Sarkozy est mû et seulement mû par le goût de l’argent et du pouvoir. Il l’a montré au Fouquet’s, un lieu où de Gaulle n’a jamais mis les pieds.
S’il est réélu, plus rien ne le retiendra. Avec un gouvernement aux ordres, avec un corps législatif aux pieds dans l’attente de recevoir quelques prébendes, avec un pouvoir judiciaire contrôlé, avec une police qui se croira davantage encore tout permis, y compris le droit de falsifier les enquêtes et de contourner la loi, ce sera, pire qu’avant, le pouvoir personnel. Cette situation, quand le chef n’a plus de contre pouvoir, porte un nom : la dictature.

Bakounine