La politique nucléaire de la France est une affaire trop sérieuse pour être traitée dans une campagne électorale

La politique nucléaire de la France est une affaire trop sérieuse pour être traitée dans une campagne électorale

La partie de poker menteur entre les socialistes et les écologistes met en évidence que la politique nucléaire de la France est une affaire trop sérieuse pour être traitée dans une campagne électorale. On ne joue pas ainsi, en quelques jours, l’avenir d’un pays, tant sur le plan de sa politique industrielle que sur le plan de l’emploi. Ce sujet engage les français, voire les européens, voire le monde entier pour au moins un quart de siècle et probablement davantage. Il ne se traite pas en quatre jours, ni même en une semaine, ni même en six mois.
Les questions posées concernent tout d’abord la sécurité. Car même si l’on sortait du nucléaire, cela ne se ferait pas du jour au lendemain. L’accident de Fukushima a démontré que le nucléaire était une affaire trop sérieuse pour être confiée complètement au secteur privé. Le nucléaire ne doit pas produire de bénéfices, sauf ceux qui pourraient être immédiatement réinvesti. Le contrôle des citoyens est indispensable. La forme de ce contrôle mérite d’être étudiée. Est-ce l’état ? La production d’électricité nucléaire doit-elle être re-nationalisée ? Doit-on missionner des organisations indépendantes à l’image de la CRIRAD en France ? Doit-on promouvoir une organisation mixte, industrielle et citoyenne ? Il y a là matière à réflexion hors du lobbying des grands groupes intéressés.
La deuxième question concerne les énergies de remplacement. On suppose qu’il n’est pas question de revenir à des centrales fonctionnant au charbon ou au fuel. Il faut donc savoir si le potentiel industriel existe pour installer l’équivalent de la production nucléaire par l’éolien, le solaire, l’utilisation des marées, etc. ? La réponse à cette question est évidemment « non ». Sans compter qu’il faudra évaluer les inconvénients par effets de bord de l’installation de centaines de milliers d’éoliennes ou de panneaux solaire, ou l’effet sur la faune marine et la pêche produit par les usines marémotrice…
Se pose aussi la question des coûts. Quel sera le coût du kilowatt à la production et le prix pour l’usager qui comprendra nécessairement une part des reprise du coût des investissements.
Enfin, il faudra prévoir quelles seront les conséquences pour l’emploi. Combien d’emplois seront supprimés par l’abandon du nucléaire ? Combien d’emplois seront créés par l’installation des énergies nouvelles ?
Aujourd’hui, on ne peut pas répondre sérieusement à toutes ces questions.
Est-ce vraiment une raison pour ne pas s’engager ? Non, mais à conditions que toutes les études techniques et économiques aient été menées à fond et à terme. Ce qui n’est pas le cas. Ce qui veut dire aussi qu’il n’est pas sérieux de s’engager pendant cette campagne électorale. Et même, toutes les études, aussi perfectionnées soient-elles ne fourniront pas des réponses absolument certaines. Il y aura toujours une forme de pari sur l’avenir. Mais prenons au moins le temps qu’on soit le mieux informés possible.
Alors se posera la question du choix. Du choix informé et réfléchi.
Un tel choix est trop important pour être laissé entre les mains des politiques. D’ailleurs, ce choix n’est pas politique. Il est et devra rester technique. Une telle décision doit donc être prise par l’ensemble du peuple français, c’est-à-dire par référendum.
Mais pas un référendum où tel parti sera pour et où tel autre parti sera contre. Les questions devront être posées sur la base des connaissances scientifiques disponibles. Et n’allons pas dire que le peuple est trop sot pour savoir faire un tel choix. Si les scientifiques sont capables, et la plupart le sont, de résumer les problèmes en quelques questions compréhensibles par tous, on aura fait ce qu’il faut, d’autant plus qu’on n’aura pris soin de faire précéder le référendum de toutes sortes d’informations impartiales dans tous les média.
Voilà ce qu’il faut faire.
En cet période électorale, ce qu’il faut demander à tous les candidats, c’est de s’engager, dans un délai raisonnable, à promouvoir ces études, à diffuser l’information sans rien cacher, ni rien omettre, et à organiser un référendum comprenant quelques questions déterminantes posées sans parti pris.
Alors, la France aura montré au monde ce qu’est un véritable débat démocratique.

Bakounine