Autrefois, les parités étaient fixes. Il fallait 2 francs pour avoir un franc suisse, puis 2,50 francs, etc.
C’est le gouvernement qui décidait des parités. C’était la Banque de France qui fabriquait l’argent, qui faisait tourner la planche à billets, comme on disait.
Ce système n’était pas sans avantages. On pouvait prévoir les montants des exportations et des importations. Mais, malheureusement, la Banque de France fabriquait parfois plus de numéraire qu’elle aurait dû. En apparence, la richesse française augmentait alors qu’il n’en était rien. Il fallait alors dévaluer, c’est-à-dire diminuer la valeur du franc face à d’autres monnaies. Du coup, les importations étaient plus coûteuses, mais les exportations étaient plus faciles.
Pour les citoyens français, la chose restait presque invisible. Les légumes coûtaient le même prix. Tout allait bien tant qu’on n’achetait pas des produits importés. Ces derniers étaient plus chers. Et comme on ne pouvait vivre sans utiliser des produits plus ou moins importés, le pouvoir d’achat baissait. C’était l’inflation. Et tout augmentait.
Pour le coup, les salariés revendiquaient une augmentation des rémunérations.
Pour empêcher la spéculation, les dévaluations étaient préparées en secret. C’est le lundi matin qu’on découvrait, à l’ouverture de la bourse, que les parités avaient été modifiées.
Aujourd’hui, il n’en va plus de même. Les cours des monnaies sont fixées par la loi de l’offre et de la demande. On peut spéculer. Pour contrebalancer les variations trop importantes, la Banque de France, et maintenant la Banque Centrale Européenne achète ou vend des euros contre des dollars, par exemple.
L’avantage de cette méthode est que le cours des monnaies est plus proche de la véritable valeur, semble-t-il. Sauf en cas de mouvements spéculatifs.
Autrefois, les états n’empruntaient pas. Il suffisait de dévaluer. Désormais, comme la BCE s’interdit, en principe, de fabriquer de la monnaie. Les états doivent donc emprunter sur le marché, c’est-à-dire aux banques. Petit à petit, la dette enfle, parce qu’il est impossible de la rembourser en totalité, sachant qu’une bonne partie du service de la dette finit par concerner les intérêts.
Vient le moment où les banques ne veulent plus prêter, sinon à des taux élevés. C’est la crise. La seule solution désespérée est de diminuer la dette en augmentant les impôts et/ou en diminuant les dépenses de l’état. C’est « l’austérité ». C’est le citoyen qui en fait les frais.
Dans le système des parités fixes, le citoyen en faisait aussi les frais. Mais ce n’était pas indolore, mais presque. Le salarié voyait baisser son pouvoir d’achat à cause du renchérissement des produits importés. Il ne lui restait plus qu’à revendiquer des augmentations.
Ceci qui s’appelle aujourd’hui austérité était alors inclus dans le décalage entre les rémunérations et le coût de la vie. Mais c’était psychologiquement plus acceptable parce que le salarié pouvait entrevoir une issue, par la négociation ou les luttes syndicales.
Ce système n’était pas exempt de défauts, mais il avait l’avantage de placer le pouvoir dans les mains des états. Aujourd’hui, ce sont les banques qui font la pluie et le beau temps. L’emprunt a remplacé les dévaluations. Mais comme il est empiriquement démontré que le besoin de monnaie n’a cessé au fil des temps, il faudra donc bien que l’emprunt perdure au fil des temps. Sans compter que l’austérité occasionne, inévitablement, une diminution de l’activité, voire la récession. Il n’y a plus alors, autant de recettes fiscales et le coût social augmente, par le chômage notamment.
Les dévaluations se moquaient bien de tout cela. Mieux encore, elles facilitaient les exportations.
En choisissant la méthode libérale, par esprit de système, l’Europe s’est donnée aux banques et aux « marchés ». C’est l’impasse. Et ce sont les populations les plus pauvres qui en feront les frais. Le libéralisme ne conduit à rien, sinon au désordre financier, tout en permettant un gigantesque enrichissement sans cause de quelques uns.
Notes d’économie politique 64 – 8 novembre 2011
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