Les électeurs de gauche ne sauraient se satisfaire de l’offre socialiste

Les électeurs de gauche ne sauraient se satisfaire de l’offre socialiste

Il y a la crise. Mais avant la crise, il y avait déjà le chômage et les délocalisations, le démantèlement de l’industrie françaises, l’agriculture intensive et peu rémunératrice, l’enrichissement de quelques uns et l’appauvrissement de beaucoup d’autres, enfin toute cette dégénérescence de l’appareil économique qui cessait de permettre le moindre progrès social.
Les électeurs de gauche attendent une nouvelle politique en matière d’emploi. Ceci ne peut se faire sans un certain protectionnisme, mais enfin, les Etats-Unis et la Chine le font bien. Maintenir ou recréer l’emploi en France, c’est au moins ne pas permettre aux entreprises qui gagnent de l’argent et versent de gras dividendes de s’enfuir à l’étranger pour en gagner davantage et servir de plus gros dividendes encore.
Les électeurs de gauche attendent une autre politique en matière de services publics. Ils attendent que la SNCF continue de desservir les zones rurales, ils attendent que l’augmentation des coûts de l’énergie soit modérée pour que les plus pauvres puissent se chauffer décemment. Ils attendent qu’en matière de télécommunications et d’Internet, tout le monde soit logé à la même enseigne. Ils attendent que le coût de l’eau potable soit le même pour tous et que le prix ne soit pas grevé par les énormes bénéfices des sociétés de distribution.
Ils attendent qu’en matière de santé, l’accès aux soins soit le même pour tous, que les mutuelles soient de vraies mutuelles où la contribution de chacun soit proportionnelle aux revenus. Ils attendent que l’offre médicale soit maintenue dans les zones rurales et que l’hôpital ne doive pas réduire la qualité des soins pour des raisons purement économiques.
Ils attendent que l’enseignement soit laïc et républicain. Qu’il soit dispensé dans des établissements où les professeurs soient en nombre suffisant et ne soient pas démotivés à force d’être parmi les plus mal rémunérés d’Europe. Que les établissements scolaires disposent des moyens financiers pour mieux prendre en charge les difficultés scolaires et les handicaps.
Ils attendent…
Mais toutes ces attentes supposent des interventions de l’état, un service public fort voire des nationalisations, la mise au pas des banques et des grandes entreprises pour qu’elles soient au service de l’intérêt public plutôt qu’à l’enrichissement forcené de quelques uns. Toutes ces attentes ne sont pas compatibles avec des traités européens qui n’ont d’autre objectif que de faciliter le développement du commerce et de l’industrie lucratifs dans un environnement d’un libéralisme compétitif, non régulé et forcené, sans aucune contrepartie en matière de lois ou de protection sociale, où les travailleurs ne sont jamais que des « variables d’ajustement ».
Le Parti Socialiste s’est « converti » à l’économie de marché, il y a de cela bon nombre d’années. Socialiste il n’est plus. Au mieux est-il social démocrate. Devant la crise, les intentions des candidats aux primaires ne sont que pommades et bandages. François Hollande, le pire, y a jouté le clystère de la rigueur sévère et de la douleur tant il intériorise la crise. Au plus ajoute-t-il quelques mesures qu’il ne pourra pas financer s’il continue de plier devant les exigences des marchés.
Ségolène Royal l’est moins. Sans doute son expérience de gestion directive et réussie de sa région lui permet-elle de ne pas envisager de laisser trop la bride sur le cou aux puissances de l’argent. Et si l’on peut attendre un peu plus de Martine Aubry, en raison de son passé politique, il n’en reste pas moins que les solutions proposées, même généreuses, ne pourront être vraiment réussies faute d’un état fort.
Quant aux autres candidats, comme ils n’ont aucune chance… Même si Arnaud Montebourg semble avoir envie de dompter un peu les banques.
L’offre socialiste ne peut donc satisfaire les électeurs de gauche tels que définis ci-dessus. Ce qui leur pose un sérieux problème. Car s’ils peuvent trouver auprès de Jean Luc Mélenchon des propositions plus proches de leurs revendications, ce dernier n’est pas candidat aux primaires et ne sera pas au deuxième tour. Ils auront, une fois encore, le sentiment justifié de n’être pas représentés. Ceci n’est pas bon dans un régime qui se veut une démocratie.

Bakounine