En France, le libéralisme d’après guerre a débuté dès le départ du Général de Gaulle. Avec Pompidou, la banque et la finance se sont vues ouvrir les portes de l’état. En Occident, nombre de pays y étaient venus plus tôt, d’autres y viendront plus tard. Dans certains cas, il accompagnera la chute des dictatures (colonels, Franco, Salazar). On peut même affirmer que, sans la complicité des banques et de la finance, ces révolutions ne se seraient pas produites. Une certaine dose de nationalisme et de direction de l’économie a toujours prospéré dans les régimes totalitaires. En raison de leur complicités et de la scandaleuses injustice dans la répartition des fruits du travail, ces régimes n’ont cependant jamais été capables de mettre en place une économie de prospérité et de consommation populaire aussi bien en Europe de l’Est qu’en Espagne ou au Portugal.
Lorsque les dictatures ont été balayées, les peuples se sont rués sur la consommation selon le modèle américano-européen : économie de marché, libre échange, constitution de groupes capitalistes dominants.
Les pays qui se sont ralliés plus tard à la démocratie, notamment en Amérique du Sud, après avoir combattu les multinationales nord-américaines, se sont aussitôt ralliés à l’économie de marché. Ces pays sont devenus prospères, au sens du FMI, sans pour autant, comme partout ailleurs, avoir éradiqué la pauvreté et le chômage.
En même temps, les pays non démocratiques se plaçaient en position de concurrence, notamment en matière de coût de main d’œuvre. La totalité de la richesse profitait à quelques groupes ou à quelques clans avec la complicité des multinationales qui pratiquaient quasi ouvertement la corruption. Si possible, on maintenait le peuple dans la soumission et la pauvreté. Au pire, on laissait se développer une bourgeoisie qui s’enrichissait de façon importante et qui ne constituait évidemment pas un risque pour les pouvoirs en place.
Quand cette structure (pouvoir fort, complicité d’une classe sociale bénéficiaire, complicité avec les multinationales) impactait la Côte d’Ivoire, il n’y avait guère de conséquence pour l’économie mondiale. Quand il s’est agi de la Chine, ce n’était plus la même chose.
Dans le monde libéral, la libre concurrence dont on disait religieusement qu’elle était un facteur de développement, s’établit partout. Entre entreprises, entre régions, entre pays. Ceux qui avaient la main d’œuvre la moins chère produisaient à bas prix des biens de consommation qu’achetaient les futurs chômeurs des pays où la main d’œuvre était plus coûteuse, au plus grand bénéfice des organismes qui étaient à la manœuvre, c’est-à-dire les sociétés financières, les banques, les multinationales. En même temps, pour maintenir un bon niveau de rémunération des actionnaires, il devenait nécessaire, paradoxalement, de supprimer la concurrence, pour se retrouver à deux ou trois pour pratiquer des ententes, avec le massacre social que l’on sait.
Naturellement, les gouvernements qui sont parfois composés de personnes compétentes, ont vite pris la mesure des inconvénients pour le tissu industriel et la politique sociale. Il était devenu indispensable de réglementer. On fit alors des groupes, G7, G8, G20, etc.. Les montagnes ont accouché de vers de terre. On n’a pratiquement rien réglementé. On a laissé le prix de l’énergie aller et venir sous l’effet de la spéculation. On a laissé faire toutes les délocalisations. Pire encore, on a laissé commercer avec la Chine, notamment, dont la monnaie est étonnamment sous évaluée.
On a laissé des banques jouer à toutes sortes de jeux raffinés et malhonnêtes au lieu de diriger les investissements vers des projets industriels productif. On a privatisé à tout va le peu qui était encore la propriété des états, avec les résultats que l’on sait et dont la Grande Bretagne fut l’exemple le plus imbécile.
Voilà que les chinois sont en train de mettre au point des milliers de robots pour fabriquer des produits électroniques actuellement fabriqués (un peu) par des humains.
Au nom de principes stupides (libre concurrence, économie de marché, mondialisation) mis en œuvre et développés par esprit de système l’économie mondiale est au fond du trou. Et pour faire bonnes mesure, ce sont les banques sauvées par les états au moment de la crise conséquence des « subprimes », qui s’en prennent aujourd’hui aux dettes des états
Notes d’Économie Politique N° 59 – 10 août 2011