Michèle Alliot Marie vient de se faire prendre. Mais je suis presque certain qu’elle ne comprend pas pourquoi. Je suis persuadé qu’elle n’a vu aucun mal à monter dans l’avion d’un de ses amis tunisiens comme elle n’imaginait pas qu’on puisse être soupçonneux sur le chapitre des opérations financières faites, probablement en son nom, par ses parents. Voilà huit ans qu’elle est ministre. Elle ne sait plus rien des règles de vie dans une démocratie où les gouvernants doivent, devraient rendre compte de ses actes. Voilà huit ans qu’elle ne compte pas ses sous. Voilà huit ans qu’elle a du personnel à son service. Voilà huit ans qu’elle dispose d’une voiture de fonction ave chauffeur. Voilà huit ans qu’elle monte dans des avions d’affaires affrétés par ses amis ou le gouvernement français sans même savoir ce que cela coûte. Voilà huit ans qu’elle donne des ordres qu’on exécute. Voilà huit ans que tout le monde est à sa botte.
Voilà quelques semaines qu’elle se défend comme un élève de cours élémentaire qu’on vient de prendre en train de piquer des chewing-gums dans le manteau de sa voisine. D’abord nier la vérité patente : « Mais non, cela n’est pas arrivé ». Puis essayer de la transformer : « Je fouillais dans les poches pour retirer la poussière accumulée ». Puis mentir : « C’était pour les donner aux pauvres et aux indigents ».
Ce qui rend la défense de cette dame si insolente, c’est que son auteur n’est pas intelligent. Si elle avait eu trois sous de jugeote, elle serait simplement venue à résipiscence. Mais on ne vous demande pas d’avoir un Q.I. de 150 pour être ministre.
Ce
tte personne a été précédée de nombreuses autres. Tous récemment, il y a le cas Woerth. Mais il y a aussi le cas d’un Président de la République allant voguer sur les flots dans un yacht de Bolloré. Et il y a eu Hervé Gaymard. Christine Boutin, Christian Blanc et ses cigares et Roland Dumas, et tant d’autres.
Il arrive aussi qu’on ne se croie pas malhonnête en rendant des services à ses amis ou ses électeurs ou à ses camarades de loge ou à ses enfants ou à ses maitresses. C’est ainsi que fonctionne la mafia.
De Gaulle payait ses dépenses personnelles même quand il était à l’Elysée…
C’est un effet du pouvoir, du pouvoir trop longtemps exercé, qui conduit à de tels errements. On peut imaginer des mesures constitutionnelles. Mais le ver est dans le fruit. Le ver du pouvoir.
« Le pouvoir sans contrôle rend fou » écrivait Alain. C’est aux citoyens de s’opposer par leur vote au renouvellement de toujours les mêmes quelle que soit l’appartenance politique.
Pour un sujet dérisoire, en comparant avec les circonstances qu’on découvre en ces temps, Pierre Bérégovoy s’est donné la mort.
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