Retraites : qui doit payer ?

Retraites : qui doit payer ?

On aurait pu considérer le financement des retraites comme une forme d’assurance, chacun économisant ou plaçant de façon à disposer d’un revenu au moment opportun. Ce que certains font parce qu’ils ont les moyens de le faire. Mais d’autres ne le peuvent pas. Et quand le législateur a voté pour les retraites par répartition en décidant que les actifs financeraient les retraites des plus anciens, il a choisi une toute autre voie, de surcroît non réversible. Passer à la retraite par capitalisation serait obliger une ou deux générations à financer deux fois : la retraite des plus anciens et leur retraite personnelle.

La voie de la répartition n’a pas été choisie par hasard : la retraite par capitalisation excluait ceux qui étaient trop vieux pour y parvenir.

Ce faisant, les cotisations des uns finançant les retraites des autres, il fallait bien un garant de l’avenir. Evidemment, seul l’état pouvait l’être. Et quoique nos gouvernants prétendent, ils ont hérités de ce rôle, sans le vouloir probablement. Mais la réalité de cette garantie est là et il faut l’assumer : c’est l’Etat qui est garant des retraites. En demandant aux uns de financer les retraites des autres, c’était implicitement reconnaître le droit, pour chacun, d’être, à son tour traité de la même façon.

Simplement, le législateur s’est trompé en faisant reposer l’assiette des cotisations sur les salaires et non sur la richesse générée par le travail, comme il aurait dû le faire.

Le P.I.B. est le fruit du travail de chacun, mais ce travail n’est pas toujours autant producteur de richesses, non parce qu’il y a des travailleurs plus paresseux que d’autres, mais simplement parce que le travail n’étant plus strictement manuel, l’appareillage associé à ce dernier peut créer des profits différents. C’est comme si l’on disait que conduire un camion produit le même fruit que conduire une camionnette. La pénibilité peut être comparable, mais le volume transporté n’est pas le même… Ainsi, peut-on, sur de multiples exemples, montrer que le produit du travail n’est pas proportionnel au salaire censé le compenser, même à niveau de qualification égale.

La richesse étant produite par le travail, c’est donc, logiquement, sur cette plus value qu’il faut  faire reposer les cotisations, mais non sur le salaire proprement dit. En d’autres termes, plus le profit retiré de l’activité d’un salarié ou d’un acteur économique est grand, plus la contribution au financement des retraites doit être élevé. Sans épargner l’enrichissement sans cause qui devrait logiquement être infiniment taxé

Notes d’économie politique 48 – 1er Juin 2010

Bakounine