L’évaluation des universités françaises ou la grande ânerie : 1- L’évaluation pédagogique

L’évaluation des universités françaises ou la grande ânerie : 1- L’évaluation pédagogique

ane.1246443533.jpgLa mode est à l’évaluation des universités. Je ne m’étendrai pas sur les raisons, dont certaines sont légitimes, notamment du point de vue des étudiants qui recherchent la meilleure formation (ou du moins ceux qui ne s’inscrivent pas sans trop savoir pourquoi).
Évaluons les universités, donc.
Mais comment ?
La première méthode consisterait à calculer, naturellement, des taux de réussite. Plus il y aurait de reçus, pourrait-on croire, et plus l’université serait de bonne qualité. Oui, mais ! Peut-on imaginer que le recrutement de Paris VIII Saint Denis est le même que celui de Paris I (Panthéon-Sorbonne) ? Évidemment non ! Le résultat serait biaisé. On pourrait dire, alors, que les universités les meilleures seraient plutôt celles qui parviennent à hisser le plus grand nombre d’étudiants, quel que soit le recrutement socio-culturel et socio-économique des inscrits. Mais comment mesurer cela ? Difficile d’évaluer un différentiel ou un progrès à la place de résultats bruts et sommaires.
Et puis, il y a aussi des différences qui tiennent aux spécialités et aux étudiants eux-mêmes. Certaines spécialités attirent des grands nombres où se mélangent toutes sections de baccalauréat. D’autres, au contraire, n’ont d’attrait que pour une faible minorité. On prendra le cas des mathématiques. Il est évident que l’on trouvera un meilleur taux de réussite dans une population de titulaires d’un bac S ayant choisi une discipline réputée difficile. On peut aussi bien faire le même raisonnement pour le grec ancien, par exemple.
D’un autre côté, il y a des disciplines plus « populaires » comme la Sociologie ou la Psychologie : ces disciplines drainent de larges populations dont le niveau initial est hétérogène en vertu de la règle que tout bachelier doit trouver une place en fac. Naturellement, on pourrait détourner certains vers d’autres disciplines. Mais vers quoi ? Vers la chimie moléculaire ? Autant les laisser là en essayant de limiter la casse.
Mais, dira-t-on, l’École des Psychologues Praticiens de la Faculté Catholique a un bien meilleur taux de réussite que l’Institut de Psychologie de Paris Descartes  Évidemment, on y pratique une sélection à l’entrée, comme dans toutes les boîtes privées. Facile alors d’avoir un bon taux de réussite. C’est comme HEC : si tous les bacheliers pouvaient s’y inscrire, il y aurait une drôle de casse ! Réciproquement, une université pourrait décider de recevoir 90% des candidats aux examens. Certes, elle aurait un fort taux de réussite, mais pourrait-on, pour autant, estimer que la formation est de bonne qualité.
Alors, on pourrait avoir des universités compétitives qui feraient toutes une bonne sélection à l’entrée, comme Paris-Dauphine ou les grandes écoles. On pourrait aussi y demander des frais d’inscription bien gras, tant qu’à faire. Voilà une proposition que plaira fort à nos ministre de l’éducation qui adorent voir des dizaines de milliers d’étudiants dans la rue !

Chroniques des abonnés du Monde – 18/06/2009

Bakounine