La politique de Sarkozy: Incohérence et infantilisme.

La politique de Sarkozy: Incohérence et infantilisme.

Il y a des choses qui m’étonnent: comment peut-on, en même temps, extrader les anciens des Brigades Rouges repentis et proposer la France comme asile aux membres des FARC qui se repentiraient ? L’action publique se doit, et tout particulièrement dans le domaine de la politique étrangère, d’être lisible et cohérente. On est donc en droit de se demander ce qui motive cette différence de traitement entre les repentis des Farc et des Brigades Rouges. Je me prends à craindre que ce soit simplement ignorance des dossiers, ce qui arrive quand on prend des décisions de façon solitaire sans prendre l’avis de ses conseillers.
A propos de conseillers, voici qu’on raconte qu’ils ont de plus en plus peur de se faire engueuler. Cette crainte semble se répandre même à des cercles plus larges tels que certains députés de l’UMP. Ce qui filtre des rapports entre le Président et sa cour me laisse perplexe. Il semblerait qu’il use, à propos de ceux qui ne sont pas de son avis, volontiers du qualificatif à trois lettres. Et que ce n’est pas exceptionnel. Qu’une certaine violence verbale empreint les propos de Monsieur Sarkozy quand on est loin des témoins non complices.
Les conseillers et collaborateurs d’un Chef d’Etat ne doivent pas en avoir peur. Ils ne doivent pas plus se comporter en vils flagorneurs. Ils constituent, d’une certaine façon, sinon un contre pouvoir, au moins une position dialectique qui doit permettre des décisions et des propos réfléchis.
Sur ce point, de la réflexion, il est totalement stupide de provoquer le monde syndical en déclarant que lorsqu’il y a une grève, on ne s’en aperçoit plus. Dans ce cas précis, c’est inciter à des actions plus fortes, voire plus violentes. Je crains que Sarkozy ne le souhaite, en espérant régler un vieux compte avec les syndicats et les battre à plate couture. Ce n’est jamais sain de vouloir humilier un adversaire. Surtout dans cette position. On ne peut pas gouverner raisonnablement sans prévoir les sorties des crises que l’on a provoquées.
Voilà qui ne semble pas être le cas de la réforme de l’audio-visuel public. Décider que la télévision publique devrait se passer de publicité n’est pas, en elle-même, une mauvaise idée. Sauf que le peuple n’en demandait pas tant et qu’il y a des choses plus urgentes. Je ne partage pas l’avis de ceux qui pensent que c’était pour faire un cadeau à ses copains Bouygues, Bolloré et consorts. Ou du moins, pas de prime abord.
Sarkozy est un type qui aime bien avoir un lapin à sortir de son chapeau chaque fois qu’il sort de l’Elysée pour visiter tel ou tel endroit. Ce jour-là, il avait la suppression de la publicité à la télévision publique dans son chapeau. Mais il n’avait pas effectué la moindre analyse des conséquences de la chose et notamment de la recherche d’une source de financement de remplacement. Naturellement, pris au collet, il s’est empressé de jurer qu’il n’y aurait pas d’augmentation de la redevance. Et il s’est enferré davantage. On aurait pu faire compenser intégralement par ceux qui vont bénéficier de la mesure par effet de bord. Mais là est apparu l’effet d’aubaine pour les copains.. Alors on a créé une commission  qui n’a rien inventé et sur les conclusions de laquelle Sarkozy s’est exprimé avant d’avoir lu le rapport.
Dans la catégorie lapin de chapeau, on peu classer la deuxième centrale EPR. Où, quand, comment ? Il n’en sait absolument rien, ce qui revient à exciter les écologistes et les habitants du Cotentin. Sans compter les industriels qui se mettent aussi en érection. Ajoutons à cela les spéculations des journalistes, et voilà comment on ouvre un dossier en commençant par le bordeliser.
C’est un mode de fonctionnement qui ne laisse pas d’être inquiétant quand il s’applique à l’administration de l’Etat : tous les dossiers naissent et sont portés dans la douleur. Il arrive même que l’effet soit contre-productif et qu’on doive, devant la levée de boucliers faire machine arrière et, au final, accorder des avantages qui sont à l’opposé du but initialement recherché.
Il y a une chose fondamentale et que Sarkozy ne sait pas : gouverner n’est pas croire qu’on a la solution ; c’est arbitrer.
Gouverner, c’est confier à ceux qui ont les compétences, le soin de préparer les projets. Et c’est déjà beaucoup de travail de discerner quels sont ceux-là même qui ont ces compétences. C’est, en même temps, laisser naître des projets alternatifs même s’ils ne semblent pas productifs au premier abord.
Gouverner, c’est écouter ses conseillers et ses adversaires.
Gouverner, c’est ensuite informer la représentation nationale de la façon la plus claire et la plus exhaustive.
Enfin, gouverner c’est enfin appliquer les décisions de cette représentation.
On en est loin !
Il y a des confusions dangereuses. Quand le Président dit qu’il doit nommer le responsable de la télévision publique parce que c’est lui (l’état) qui paye, il oublie que l’état ce n’est justement pas lui, mais que l’état c’est le peuple tout entier. Seuls les dictateurs disent que « l’état c’est moi » !
Plus les mois passent et plus toutes ces « réformes » me paraissent désordonnées, brouillonnes, sans objectifs clairs et cohérents hormis quelques poncifs et quelques dogmes non vérifiés sur le code du travail qui empêche les entreprises de s’épanouir, sur les fonctionnaires qui sont des paresseux improductifs, sur les nationalisations qui empêchent de promouvoir une vraie politique industrielle, sur les programmes scolaires qui empêchent les élèves d’étudier…

Bakounine