Monsieur Sarkozy avait promis…

Monsieur Sarkozy avait promis…

Monsieur Sarkozy,

Pendant la campagne présidentielle, vous nous avez annoncé bien des choses heureuses. Ce n’est pas comme l’autre, la Ségolène, qui ne voulait s’engager sur rien, toujours à se méfier des contingences économiques. Vous, au contraire, vous nous avez bien fait comprendre que tout ce baratin sur l’économie auquel je ne comprends rien n’était là que pour justifier que ma vie soit ennuyeuse. Vous nous avez bien dit que l’on pourrait se passer de la Banque de Monsieur Trichet (quel nom prédestiné !) et autres Cassandres qui promettaient mille tourments.

Et voilà que votre Premier Ministre vient dire qu’il faudra renoncer à la baisse des impôts.

Je ne veux pas avoir l’air rancunière, mais votre prédécesseur nous avait déjà fait le coup. Mais vous aviez parlé de la « rupture ». La rupture ça veut dire pas comme avant. Sur ce plan, j’ai déjà été baisée par Chirac et je commence à ne pas trouver très drôle ce type de sodomie, parce que ce genre de baise c’est toujours des coups par derrière. Surtout que vous aviez dit aussi qu’ensemble tout deviendrait possible, qu’en d’autres termes, ce serait plutôt moi qui baiserait. Mais j’ai beau chercher, je ne trouve personne à baiser et mon éréthysme sexuel commence à battre l’aile.

Vous me dites que, de toute façon, je ne paye pas d’impôt sur le revenu. C’est vrai. Mais mes parents qui sont retraités, avec une retraite pas si élevée que cela, en payent. J’ai bien le droit de m’intéresser à mes parents ! Surtout qu’eux ne me laissent pas tomber quand je suis dans la merde. Même mon ex, qui n’a pas un trop mauvais fond se laisserait bien aller à me donner un petit billet, mais lui, comme célibataire, il en prend plein le… Vous voyez par où que je veux dire.

Je dirai même que le nombre de ceux qui me sont passés dessus a plutôt augmenté : voyez, vous avez commencé par donner un paquet fiscal à des gens qui ne sont pas moi et qui m’on regardé en me faisant la nique. Je ne dirai rien des heures supplémentaires. Car pour l’instant, à mon corps défendant (contre me faire baiser), les heures supplémentaires de caissière chez Auchan, y’en a point. Même que c’est 25 heures par semaine. Et pas plus. Quand on ouvrira le dimanche, je pourrai peut-être, comme cela, mes deux enfants seront débarrassés de leur mère. Autant les mettre à l’orphelinat.

Puis après, je me suis fait mettre de quelques centimes sur chaque boîte de médicament. Cinquante centimes par ci, cinquante centimes par là. Et comme, dans le même temps, je me faisais aussi baiser par la grande distribution, c’est devenue une vraie partouze dans laquelle je faisais la pute sans toucher un euro. On m’en retirait même. C’est la nouvelle loi du genre: plus je te baise et moins tu gagnes. Même plus moyen de faire la péripatéticienne.

On me dit aussi que je vais devoir cotiser 41 ans pour toucher ma retraite à taux plein. C’est bien cela. Avec mon emloi pas plein, je n’ose imaginer ce qui va me rester. Surtout qu’à cet âge, je serai trop vielle et trop moche pour faire la pute, la vraie, même à tarif senior, pour arrondir mes fins de mois.

Peut-être que si vous étiez gentil, Monsieur Sarkozy, vous pourriez juste me donner votre montre. Vu son prix, je pourrai la revendre et avoir un peu d’air pendant un bon moment. Je dois bien pouvoir avoir un camion de patates pour ce prix. Et puis, si vous et vos ministres preniez un peu moins les avions très chers, peut-être pourriez-vous dépanner des centaines de gens comme moi. Je n’ose vous suggérer de demander à vos copains, vous savez les Bouygues, les Lagardère, tous ceux qui étaient avec vous au Fouquet’s le soir du 6 mai, de se contenter d’un peu moins de fric, cela ferait peut-être exemple que d’autres suivraient. La vraie solidarité. Celle des gros riches envers les petits pauvres. Et pas des pauvres entre eux.

C’est vous qui l’avez dit, Monsieur Sarkozy: « Ensemble tout devient possible ». Ensemble c’est donc bien avec tout le monde y compris tous vos copains du kake 40 et aussi Johnny comme le Clavier et le Reno. Votre petite femme qui n’a pas l’air désargentée non plus pourrait aussi faire un don.

Tant qu’à faire, vous pourriez faire une loi. Une loi qui interdirait de s’enrichir en baisant les travailleurs. Oh, je comprends qu’il faut bien donner un bon salaire à ceux qui donnent beaucoup d’eux-mêmes pour faire marcher les entreprises. Mais il y a des limites. Même si on s’arrêtait à 20 fois le SMIC, on trouverait encore de quoi. Vous allez me dire qu’ils vont tous se barrer à l’étranger. Est-ce vraiment grave ? On confisquera tout ce qu’ils ne pourront pas emporter. En même temps on pourra piquer les résidences des tyrans africains et on pourra même secourir d’autres peuples.

Vous ne pouvez pas imaginer, Monsieur Sarkozy, ce qui m’arrive. Je vous aimais bien pourtant. Mais quand je réfléchis, et plus je réfléchis, même s’il y a des choses dans ma réflexion qui ne sont pas tout à fait claire, j’ai l’impression de devenir une autre personne. J’ai raconté cela à mon ex, qui est plus cultivé que moi. Et savez-vous ce qu’il m’a dit ? Il m’a dit, je répète parce que je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, il m’a donc dit que mes analyses étaient superficielles, mais qu’en continuant un peu, je deviendrai marxiste… ou gauchiste. Je ne sais pas ce qui est mieux ou pire. Qu’en pensez-vous ?

Bakounine