La réforme des universités: l’occasion manquée

La réforme des universités: l’occasion manquée

 

 

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La question de l’autonomie ne présentait pas de caractère d’urgence. Cette question reste encore assez floue dans l’esprit de nombreux universitaires car le niveau d’élaboration du débat ne permet pas de se faire une idée bien précise et bien argumentée de la chose. Les profs de fac sont bien souvent, et à juste titre, des dialecticiens, et, en cette circonstance, il restait beaucoup à étudier. S’il est vrai que l’autonomie peut sembler séduisante par les libertés qu’elle suggère, les inconvénients (concurrence, recrutements sur des critères variables et incertains) sont mal évalués. Certains sujets, notamment sur les procédures de recrutement ou les primes sont même inquiétants. Il en est de même sur la question des diplômes nationaux qui ne sont apparemment pas protégés.

On sent bien que, derrière tout cela, se profile une idée de concurrence peu compatible avec les missions que l’on a jusqu’à ce jour, fixé à l’enseignement supérieur.

Par contre, s’il y avait bien une question urgente, c’était bien celle de la sélection à l’entrée du master. La sélection après bac+4 est un vieux reste de la structure DEUG-Licence-Maîtrise-DESS. Et l’on sait qu’une sortie à bac+4 n’est pas très avantageuse. Les employeurs ont une certaine visibilité de ce que sont la licence (pour des raisons historiques) et le DESS (pour des raisons techniques). Mais jamais la maîtrise (comme le DEUG, d’ailleurs) n’a réussi à vraiment s’imposer. On peut le regretter, on peut faire toutes sortes d’analyses, mais les choses sont ainsi.

Le LMD (licence, master, doctorat) a déjà l’avantage de l’harmonisation européenne. Il a aussi celui d’une bonne lecture du côté des employeurs. Pour le coup la vieille sélection héritée des DESS (à l’entrée de la 5ème année) perd tout son sens. Elle ne produit que l’inconvénient de laisser sur le pavé des étudiants, à bac+4, avec un master inachevé. Sarkozy, pour des raisons strictement politiques, a reculé sur cette question. C’est vrai qu’elle demandait un certain courage car aucun des créateurs du LMD à la française n’avait eu l’audace de la proposer.

Il y a là une certaine lâcheté.

Bakounine