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Plein de fôtes

Je voudrais rendre hommage à ce lecteur, sinon assidu, pour le moins fidèle, qui me dit hier matin que ce serait bien si je ne faisais pas autant de fautes de frappe. Je le remercie de son indulgence, car je sais bien, après avoir relu plusieurs billets, qu’il y a aussi des fautes d’orthographe. Hélas ! L’écriture n’est plus ce qu’elle était.

Je promets donc de me relire plus attentivement.

Darcos : après l’école, le collège. Les élèves français travaillent trop.

darcos.1191157003.jpgJe suis stupéfait ! Voici que le Ministre Xavier Darcos dit des choses sensées. Ce n’est pas si souvent. Alors je cite:

« « Les élèves font déjà 936 heures dans l’année. La moyenne européenne est inférieure à 800 heures. Sans doute que les élèves français travaillent trop. Il faut trouver des horaires plus équilibrés »

Sans doute travaillent-ils trop, mais aussi, ils travaillent mal. Disons, pour aller vite qu’ils s’ennuient souvent. Du coup, le rendement n’est pas ce qu’il devrait être.

J’ose cependant espérer que le ministre dit cela sans arrière pensée… Avec ceux qui nous gouvernent, on a pris l’habitude du double langage.

Image: Ouest-France.fr

Coup de tonnerre: Fillon donne sa démission

sarkofillon.1191012309.jpgL’agence Baque-U-Nin’ Press publie un communiqué selon lequel le Premier Ministre, François Fillon, aurait rédigé ce vendredi sa lettre de démission.

C’est attablé dans un bar du septième arrondissement de Paris, en train de manger une cassolette de tripes à la mode de Caen et de vider une chopine (ou plusieurs chopines, le nombre n’est pas précisé) avec Jean-Louis Borloo, que, pris d’une soudaine révélation, il aurait commencé à rédiger ce document. Son convive l’a vivement encouragé à prendre son courage et tout ce qu’il pourrait tenir à deux mains. Toutefois, le brouillon de la lettre a été écrit d’une seule main. Certains disent que c’est avec son sang, mais ce sont des idiots incapables de reconnaître l’encre rouge. On ne connaît pas toute la teneur du document, mais on sait qu’il s’est déclaré « las d’être le minus habens parmi les mini habentes« . Il aurait aussi ajouté, que, sensible au problème des retraites et ayant constaté qu’il avait tenu son rôle sans frémir et passé le nombre de semaines suffisantes pour qu’il puisse en mériter une, il se sentait désormais libéré puisque ses vieux jours étaient assurés. On sait aussi que le manuscrit présente une tâche, mais on ne sait s’il s’agit de larme ou de sauce.

Deux heures plus tard, Jean-Louis Borloo a fait savoir à l’Elysée que, pour éviter la vacance du pouvoir et d’interminanles tractations susceptibles de paralyser l’action du gouvernement, il était volontaire pour supporter, au pied levé, cette très lourde charge en remplacement de son camarade épuisé et déprimé.

On murmure toutefois que Nicolas Sarkozy, dès qu’il a eu vent de cette situation, s’est empressé de dire ce qu’il pensait de Borloo et de demander à ses conseillers d’approcher, à patte de velours, Ségolène Royal. Il aurait même ajouté: « Maintenant que DSK est au FMI, si Ségo vient à Matignon, la voie est ouverte ». Il aurait alors entonné:

« En avant, la route est large,
Le clairon sonne la charge »

15.000 moines bouddhistes manifestent en Birmanie

moinesbouddhistes.1190662399.jpgCela va nous changer un peu de notre petit univers franco-français.

Des milliers de moines et de moniales bouddhistes manifestent en Birmanie contre la dictature. C’est d’autant plus agréable à constater que, compte tenu de leur philosophie, les manifestants en question ne risquent pas, s’ils gagnent d’installer une Inquisition locale.

Voilà un moment qui rafraîchit. On a bien envie de prier pour qu’ils réussissent.

A propos… Y a-t-il jamais eu des milliers de moines et moniales catholiques manifestant contre une dictature ?

Extraits du discours de François Bayrou au Forum des Démocrates: no comment

bayrou-main-levee.1190155912.jpgExtraits du discours de François Bayrou au Forum des Démocrates
16 septembre 2007


Les signes multipliés au monde de l’argent, au CAC 40, aux milliardaires, à l’univers du Fouquet’s, la « pipolisation » de la société, les vedettes éphémères, la vedettarisation de la politique, la jubilation des hot-dogs avec Bush père, Bush mère, Bush couple, – et que j’ai aimé ce jour-là que Cécilia Sarkozy ait une angine blanche !- et qu’aussitôt rentré on se précipite, toutes affaires cessantes, pour envoyer le ministre des Affaires étrangères en Irak, pour y dire tout haut ce que l’administration américaine pense tout bas, et que le ministre de la Défense vienne et explique sans précaution, sans introduction, que, toutes affaires cessantes, il faut cesser de « chipoter » et qu’il faut dare-dare rentrer dans l’OTAN, tout cela – chacun des gestes, pris individuellement, pourrait être maladresse, hâte de novice, geste improvisé – eh bien tout cela fait un système, et ce système, je le crois, ce n’est pas le choix fondamental, historique, des valeurs de la France.

Je m’arrête un instant sur cette déclaration du ministre de la Défense sur l’OTAN. On peut discuter, on peut réfléchir, à un nouvel équilibre du monde qui construirait un pilier européen de la défense, qui se placerait face aux Etats-Unis et avec eux, à égalité de droits et de devoir. Ce n’est pas un médiocre sujet de réflexion, Philippe Morillon sait ce qu’il en est. Mais que le ministre de la Défense, dans l’exercice de ses fonctions, à l’université d’été de la Défense, présente ces quarante années d’indépendance ombrageuse de notre pays, comme du « chipotage », comme du « barguignage », ces mots péjoratifs, ces mots condescendants, ces mots qu’utilisent les machos qui se moquent des vieilles filles, alors il y a là en effet une rupture avec ce qui a été la grandeur, l’horizon, non pas le rêve, mais l’idéal d’indépendance de la France dans le monde.

Et pour la première fois, avec des grands mots, avec de grandes figures, avec des citations à la pelleteuse de Jaurès, de Clémenceau, avec le pauvre Guy Môquet que l’on met désormais à toutes les sauces, et les moins séantes ! et dont au bout du compte, évidemment, je le dis avec tristesse, la mémoire sera la première à souffrir, parce que l’émotion vraie va mal avec l’overdose, avec tous ces grands mots, avec toutes ces grandes déclarations, en réalité, au-dessous, l’œuvre entreprise, c’est l’alignement de la France sur le modèle qui domine le monde et, ça durera quelques mois encore, sur l’administration qui l’incarne le plus ouvertement !

 

Le modèle où l’on vénère l’argent, non pas l’économie, non pas la création, non pas l’entreprise, mais où l’on propose l’argent comme valeur. La ministre de l’économie l’a dit, naïvement peut-être, sans nuances. Elle a dit : le but du gouvernement, c’est de « réhabiliter l’argent, corollaire du succès… ».

Je pensais qu’il y avait bien des choses à réhabiliter en France : l’effort, l’esprit critique, l’idée de justice, l’esprit démocratique, la séparation des pouvoirs, le respect des citoyens, l’amour de la liberté, mais j’avoue qu’il ne m’était pas venu à l’esprit que le but d’un gouvernement de mon pays pût être de réhabiliter l’argent. J’avais même l’impression qu’il se réhabilite bien tout seul, dans la société où nous vivons !

Au lieu d’aller dans le sens de l’effort, les premières décisions du gouvernement, les premiers votes de la majorité ont été, au contraire, pour distribuer 15 milliards d’euros que la France n’avait pas, aux plus aisés de nos compatriotes. On a aggravé le déficit du pays alors qu’il fallait le réduire, on l’a aggravé toutes affaires cessantes, pour faire selon le mot du ministre des Finances allemand, des cadeaux à une clientèle électorale.

Le président de la République décide de tout, tranche sur tous sujets, le gouvernement a disparu, sauf ceux qu’épisodiquement distingue la faveur qui vient d’en haut, le Premier ministre est ravalé publiquement au rang de « collaborateur » (je crois qu’il l’a mal pris, il a bien fait), les ministres – on nous en avait promis quinze, ils sont plusieurs dizaines, chacun avec leur cabinet et tout leur appareil, et leur incognito. Chacun pour être bien vu du pouvoir, du président ou de sa femme qu’on décrit comme toute-puissante dans l’ombre, se précipite dans un concours de lèche permanent, le cirage de pompes est devenu un sport national dans notre pays. Les journaux économiques les plus sérieux vous expliquent que les grandes décisions qui vont concerner l’avenir économique de la nation et l’Europe ne peuvent être prises que par le président lui-même, et que derrière chaque grande décision, vérifiez, vous verrez dans les articles, il y a un tel qui est « proche », je ne sais pas ce que sont les « proches », il y a un « proche » du président de la République. Et l’absolutisme présidentiel est devenu tel que le secrétaire général de l’UMP s’est cru obligé de faire une très sérieuse déclaration publique pour dire qu’il va falloir très vite que l’on règle en France le statut de l’épouse du chef de l’État « il faut le faire, dit-il, nous sommes en retard, les monarchies ont traité cette question depuis longtemps » ! Il faut que notre pays sorte de cet archaïsme … En quel temps vivons-nous qu’il faille rappeler au premier responsable du parti au pouvoir que précisément, s’il le veut bien, s’il l’accepte, il y a une petite différence, une nuance, c’est que nous ne sommes pas une monarchie, nous sommes une République et nous avons bien l’intention de le rester !

Makarenko, l’éducation, l’intérêt, le devoir, la collectivité

makarenko.1188703752.jpg « Dans mon rapport sur la discipline je m’étais permis de douter des thèses universellement admises à cette époque qui voulaient que le châtiment ne forme que des esclaves, soutenaient qu’il faut laisser le champ libre à l’instinct créateur de l’enfant pour s’en remettre avant tout à l’organisation et à la discipline spontanées. Je m’étais permis d’avancer l’affirmation, indubitable pour moi que, tant que les traditions n’étaient pas nées et qu’il ne s’était pas formé un premier acquis d’accoutumance au travail et à la vie en commun, l’éducateur avait le droit et le devoir de ne pas s’interdire le recours à la contrainte. J’affirmais également qu’il était impossible de faire reposer route l’éducation sur l’intérêt, parce que l’éducation du sentiment du devoir se trouvait fréquemment en contradiction avec l’intérêt de l’enfant, tel, du moins qu’il le comprenait. J’exigeais une éducation susceptible de donner un homme bien trempé et fort, capable de s’acquiter d’un travail même déplaisant et ennuyeux, s’il répond aux intérêts de la collectivité.
« En conclusion, je défendais l’idée d’une collectivité animée d’un esprit puissant, rigoureux, si nécessaire, et c’était sur elle, uniquement, que je fondais tous mes espoirs. »
Makarenko, A.S., Poéme Pédagogique, Moscou, Editions du Progrès, 1967, p. 139-140.

La chronologie commentée de mai 1968 par Michel Calvès

Je découvre, au hasard de recherches sur Internet une intéressante chronologie commentée des évènements de mai 1968 par André Calvès. Même si ce texte est politiquement orienté, il reste très fidèle à l’histoire et montre bien les rôles respectifs du pouvoir en place et, fort ambigü, du Parti Communiste et des centrales syndicales.

 

Pour ceux, de plus en plus nombreux, qui n’ont pas vécu ces « évènements », cette lecture sera probablement instructive.

 

http://michel.calves.free.fr/1968/mai-juin.htm

Adolescence et délinquance: parlons un peu d’A.S. Makarenko

Au cours de sa campagne présidentielle, Ségolène Royal fit frémir un certain nombre de ses auditeurs en parlant d’éducation « militaire » pour un certain nombre de délinquants. Et s’il est vrai que l’armée n’est pas préparée à cette mission, il est probable, d’un autre côté, que la « manière militaire » n’est peut-être pas dépourvue d’utilité pour la rééducation de ces sujets.

Après les évènements de 1917, la Russie connaît une guerre civile. Les combats font des orphelins, mais aussi de jeunes délinquants qui vivent sur les décombres matériels et sociaux. En 1920, Anton Semionovitch Makarenko, professeur, chercheur influencé par les oeuvres de maxime Gorki et militant marxiste se voit confier un lieu rural pour y tenter de ré-éduquer des jeunes marginaux.

Au début, les conditions matérielles sont sommaires. Le travail concerne à la fois les conditions matérielle de vie et l’éducation des jeunes. C’est un travail de pionnier.

Makarenko fonde une colonie, la colonie Gorki. L’encadrement n’est pas nombreux. Et pourtant la discipline est rigoureuse: on se lève à l’heure, on salue le drapeau, on travaille. L’effort physique a une grande place aussi bien sur le plan sportif que pour cultiver la terre et produire ce qui servira aux subsistances du groupe. Le travail scolaire prend aussi une place importante.

Il y a étonnamment peu d’adultes pour encadrer les jeunes. Au début de la colonie, Makarenko est le seul éducateur. Et peu à peu, les premiers arrivés qui ont progressé deviennent alors capables d’encadrer de nouveaux venus. Peu à peu, les nouveaux colons s’incorporent dans la vie de la colonie. Cette participation prend la forme d’une voix délibérative dans le conseil qui est l’instance qui gère la vie de l’établissement et, éventuellement, prononce des sanctions. Ce droit n’est pas donné d’emblée. Au contraire, il se gagne par des mois, voire des années d’apprentissage de la vie collective.

Au début de la colonie, le travail n’est qu’agricole pour subvenir aux besoins. Peu à peu, les activités se diversifient jusqu’à la création d’ateliers qui peuvent alors négocier leurs productions.

La méthode de Makarenko: une absence totale de démagogie, une rigueur implacable dans la détermination et la poursuite des objectifs; et, en même temps, une grande humanité, une grande ouverture au dialogue, mais sans l’ombre d’une faiblesse, promouvant à tout moment la recherche de l’estime de soi, un profond respect des autres et le sens de la responsabilité individuelle et collective.

D’une certaine façon, l’ambiance est militaire: rigueur, exercice, respect de l’autorité, salut au drapeau. Mais s’y ajoutent deux caractéristiques essentielles: les colons contribuent par leur travail aux conditions de vie du groupe; il existe une assemblée qui gère l’organisation sociale.

Ce modlèle a bien fonctionné tant que la colonie se trouvait en milieu rural, loin des sollicitations et des tentations urbaines. Les résultats ont été moins bons, dans le cas contraire.

De cette expérience qui semble peu connue, hormis de quelques spécialiste de l’éducation, on peut tirer quelques enseignements pour la rééducation d’adolescents délinquants:
– La notion d’internat. Elle est importante, même s’il n’y a pas de grille fermée à clef. On éloigne le jeune de son milieu d’origine et on lui offre, par là même, le droit de se reconstruire une nouvelle image de soi et, pourquoi pas, d’une nouvelle personnalité.
– La vie est collective avec un contrôle collectif. C’est l’apprentissage et le respect, autant qu’il en est besoin, des règles et des contraintes de la vie en société, en même temps que des avantages comme l’entraide. Le droit de participation à l’instance de contrôle s’acquiert par l’ancienneté et la maturité.
– Le bien-être est le fruit de travail.
– Le modèle adulte est fourni par une personnalité forte, irréprochable, et qui assumela discussion voire la contradiction.