Et si l’on autorisait les candidats au bac à se connecter sur le net ? Voilà le titre de Rue89 de ce soir. Rue 89 qui ajoute : « Pourquoi demander aux élèves de mémoriser des données disponibles sur Internet ».
Terrible question qui renvoie à la critique des méthodes d’antan, pas si lointaines, où l’élève se contentait, si l’on peut dire, d’apprendre à répéter ce que disait le maître. Et l’on sait bien les limites de l’exercice. Apprendre, c’est désormais se préparer à, éventuellement, être capable de dépasser le maître. Mais vient tout de suite la contre-question : Peut-on apprendre sans savoir. Ce qui fait ma supériorité sur d’autres c’est à la fois la critique que je puis faire de ce que je trouve sur Internet et la capacité de savoir où j’ai des chances de trouver ce que j’ignore.Et je crains qu’on ne puisse apprendre la méthodologie sur le net puisqu’on ne disposerait pas de la méthodologie pour le faire.
La transmission de la connaissance par nos ainés et par nos maîtres a cette particularité d’avoir été organisée. Elle peut être mal organisée, elle peut être scandaleuse, mais elle n’est point si elle n’est pas structurée. Quand je renvoyais ci-dessus implicitement à la Scolastique, c’est justement parce qu’on y trouve une organisation. Ce n’est pas la philosophie d’Aristote balancée à tout va vers les élèves. C’est cette philosophie mise à l’épreuve et ordonnée selon les croyances du temps. C’est un raisonnement.
Et le raisonnement scolastique peut m’énerver autant qu’il le peut, cela ne l’empêche pas d’être un raisonnement.
Contrairement à ce que croit souvent le monde, apprendre n’est pas ingurgiter. Je suis frappé par la stupidité de ceux qui déclarent que le mouvement universitaire de ces temps nuira aux étudiants parce qu’il y aura des choses qu’ils n’ont pas appris. Et pourtant, il y a bien longtemps que la psychologie expérimentale a montré qu’il n’y a pas de relation entre la durée d’un apprentissage et sa qualité.
Et l’on en vient au final au piège que refusent souvent les étudiants : le droit de disposer de ses notes aux examens. Ils savent bien qu’alors ils seront jugés sur la qualité de leur raisonnement et, à juste titre, ils ont peur.Et ils refusent.
A la question : « Et si l’on autorisait les candidats au bac à se connecter sur le net ? », voici donc la réponse : oui, si on veut les coller.
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