C’était à propos de l’expression « sale pédé ». Tout à l’heure, sur France-Info, Axel Kahn qui passait par là dans une émission fit remarquer très justement que le diminutif «pédé» venait de «pédophile» («παιδόφιλος», en grec) qui signifie «qui aime les enfants» et non point forcément homosexuel. Je pense d’ailleurs, de façon tout à fait complémentaire,que «pédé» vient de «pédéraste» qui vient du grec «παιδεραστη» qui signifie aussi «qui aime les enfants». On voit que le substantif «παιδος » («enfant») est présent dans les deux cas, sauf que l’aimer de «pédéraste», «ραωμαι», si mes souvenirs sont bons, au lieu de «φιλος» , veut dire «aimer passionnément». Ce terme s’adressait plutôt pour qualifier celui qui aime les jeunes adolescents, ce qui se pratiquait assez dans l’Athènes et dans la Rome anciennes. Mais ce qui voudrait dire aussi que, sous notre temps, il pourrait bien exister des femmes pédérastes. Sans compter aussi que l’adolescent victime d’une femme pédéraste n’aurait pas forcément envie de s’en plaindre.
On notera, en cette occasion, l’asymétrie envers la pédérastie des jeunes garçons et des jeunes filles. Dès lors, le monde devient incompréhensible. Profitons-en pour nous intéresser au mot «gouine » qui, hélas, ne bénéficie pas d’une étymologie aussi somptueuse. Voici ce qu’en dit le Larousse : « Populaire. Homosexuelle, lesbienne. Nom féminin (mot normand, peut-être de l’hébreu goï, chrétien) » Mais reproduisons ci-dessous le Littré : « Terme très bas d’injure. Femme de mauvaise vie, coureuse. Origine inconnue. Diez le rattache à godine, godinette, et y voit un dérivé du radical gaud, du latin gaudere, se réjouir, et il condamne les autres étymologies, entre autres celles de quean, mot anglais signifiant femme de mauvaise vie, et tenant à l’anglo-saxon cwen et à l’islandais quinna, qui signifient femme. Cependant cette dernière étymologie semble plus probable que la sienne. Creuzé de Lesser, dans son poëme de la Table ronde, chant VI, tire ce mot de la reine Goïne qui trompait son mari et le fit périr pour fuir avec son amant : Quoiqu’en amour à la bonté j’incline, Je n’en ai pas pour la reine Goïne ; Et jusqu’à nous son nom un peu changé Vint justement en proverbe érigé. » Voici alors une autre curiosité ! En aucune façon, il ne s’agirait pas d’homosexuelle. Quae cum ita sint ! O tempora ! O mores !
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