La Zone Euro est une polygamie multiculturelle sans droit au divorce

La Zone Euro est une polygamie multiculturelle sans droit au divorce

L’euro a mis la Grèce dans une position probablement incompatible avec ses habitudes économiques et politiques. Pour des raisons diverses, ce pays a toujours été éloigné de la bonne gestion budgétaire. Certaines étaient et sont toujours fâcheuses, comme la corruption, le travail au noir et la dissimulation des revenus. Mais les grecs sont ainsi. Ils ne sont pas vertueux dans ce domaine et l’entrée dans l’euro n’a pas vraiment changé les choses.
Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, en 1981, la Grèce n’aurait pas dû entrer dans le marché commun. Son économie n’était nullement à la hauteur. Ce choix fut politique, notamment pour extraire la Grèce du péril de la dictature des colonels et maintenir un régime démocratique.
A l’époque, l’habituelle politique inflationniste se traduisait régulièrement par une dévaluation de la drachme. Avec le serpent monétaire, ceci devint limité. Avec l’Euro, c’est devenu impossible.
Aujourd’hui, ce pays n’a toujours pas modifié sa gouvernance économique. Peut-on le lui reprocher ? Pas nécessairement. Est-ce vraiment possible ? N’y a-t-il pas des blocages culturels, des habitudes bien ancrées dont on ne se défait pas en 30 ans ? Avec l’euro, on imaginait que les finances grecques serait gérées comme dans un pays du Nord de l’Europe (on remarquera, d’ailleurs, au passage, que parmi les pays les plus incertains, se trouvent aussi l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pays du sud). Ou alors, on faisait semblant d’y croire, ce qui démontre l’impéritie des gouvernants d’alors. Toujours est-il qu’il n’est plus possible de décider de dévaluer, comme au temps des parités fixes, ou de laisser les marchés de change effectuer cette dévaluation de facto.

Cette situation, comme on en découvre et découvrira plusieurs autres, démontre bien la manière précipitée et stupide de la construction européenne. Seuls des règles qui étaient destinées à favoriser le libre commerce, et partant l’enrichissement capitaliste, ont été mises en place. Le Traité de Lisbonne, contre lequel de nombreux citoyens se sont élevés, n’est pratiquement qu’une concaténation de dispositifs ayant cette vocation.
Il était, il est toujours, illusoire d’imaginer une communauté économique d’états si différents sur le plan culturel. Surtout sans avoir défini des clauses de sauvegarde permettant de détacher un morceau. La mise en place d’une véritable politique sociale aurait pu atténuer les différences. Mais celle-ci a toujours été remise à plus tard tant l’appât du gain fut prédominant.
Aujourd’hui, la Zone Euro est une polygamie multiculturelle sans doit au divorce. Autrement dit, un immense bordel.

Bakounine