En politique, l’esprit de système est déconseillé. Voilà un Sarkozy devant la question des retraites. Sans doute l’échéance a-t-elle été rapprochée en fonction de la « crise ». Toujours est-il que ses « conseillers » lui ont conseillé de s’occuper sérieusement de cette question.
Quelque part, on ne sait trop avec qui, une réforme a été vite écrite, probablement bâclée. Et Sarkozy qui aime que les choses aillent vite a décidé que cette affaire serait réglée en trois coups de cuillers à pot.
Mais, toujours par esprit de système, incapables d’imaginer des alternatives, l’effort demandé porte sur les salariés et eux seuls, à qui l’on demande simplement de travailler plus longtemps. On n’a pas imaginé de faire appel à d’autres sources de financement en imposant des revenus qui proviennent du travail et qui ne profitent pas aux travailleurs comme les profits, les dividendes, par exemple. Et le patronat trouve cela très bien.
Ce qui produit un sentiment d’injustice.
En même temps, il y a la question du « bouclier fiscal » dont le caractère inique apparaît de plus en plus, jours après jours.
Et puis, il y a eu la « crise ». Et voilà qu’on a demandé aux travailleurs qui n’y étaient pour rien, de se serrer la ceinture pour sauver les banques en même temps que celles-ci recommencent avec des profits, des bonus, des retraites-chapeau, etc..
Sans compter la proximité du Président de la République avec les patrons du grand capital qui s’affiche de plus en plus.
Mais la question des retraites n’est pas seule en cause. Il y a ce sentiment partagé par les membres de la plus grande partie de la population, d’une gestion des affaires publiques au seul avantage de quelques uns : cette politique n’est absolument pas sociale. Ce « ras l’bol » est partagé, y compris dans des catégories de population traditionnellement centristes voire de droite. Sans compter toutes les décisions antérieures qui ont éloigné des électeurs depuis des mois et qui regrettent leur vote.
Et là-dessus on vient faire voter à la hussarde un texte scélérat qui bouche l’avenir de nombre de travailleurs. Vivront-ils, se demandent-ils, jusqu’à 67 ans pour jouir d’un peu de retraite, dont on dit, par ailleurs, qu’elle sera de toute façon maigre ?
La sagesse, l’intelligence aurait été d’expliquer beaucoup et de progresser lentement.
Mais c’est tout le contraire. Alors, au début, on manifeste contre le projet sur les retraites. Mais comme le gouvernement reste, comme on a dit en d’autres temps, « droit dans ses bottes », le mécontentement augmente et augmente. Donc, on re-manifeste.
La sagesse, l’intelligence, serait de se mettre enfin à négocier. Mais on ne veut négocier sur rien.
D’autres catégories de population viennent rejoindre le groupe des mécontents, dont certaines, étudiants et lycéens, notamment, traînent en remorque des sujets dont le seul objectif est de se battre avec les flics. Et comme la guerre entre les jeunes des « quartiers », comme l’on dit et la police est larvée, ces jeunes viennent naturellement se joindre aux cortèges pour arroser les flics de projectiles (en d’autres temps, les mêmes usaient du pavé).
Et, pour faire bonne mesure, la chienlit, comme aurait dit Charles, s’augmente avec la pénurie de carburant nerf de la guerre des temps modernes, l’exaspération augmente. Et les exaspéré de bonne foi savent bien ce qui a provoqué tout ce bordel.
Nombre de ministres, de sénateurs et de députés serviles savent bien que la stratégie qui consiste à violer, voire à réprimer, le peuple est mauvaise. Mais comme ils manquent de courage et qu’ils craignent par-dessus tout de perdre l’investiture aux prochaines élections, ils se la bouclent et se la rebouclent. Et tous d’accomplir les volontés du chef.
Et comme le chef semble bien manquer de sagesse et d’intelligence, et qu’au final, il s’est donné tous les pouvoirs, le désastre social et politique est arrivé. Il peut toujours passer en force et humilier le peuple.
Mais un peuple humilié se venge toujours !
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