Et la France ? Une dictature

Et la France ? Une dictature

Pourquoi sommes-nous en dictature ?

Le pouvoir judiciaire est entre les mains de l’exécutif. Une nouvelle preuve en est donnée par l’entêtement du juge Courroye refusant de passer la main à un juge d’instruction. Or, tout le monde sait bien que le juge Courroye est, non seulement un procureur dépendant in fine du Ministère de la Justice, mais qu’en plus il est proche du Président de la république.

Cette dépendance a été parfaitement illustrée par l’affaire Julien Coupat, dont on se garde bien de parler de nouveau tant elle fut lamentable au point que les avocats en sont à demander l’annulation de toute la procédure qui n’était fondée sur aucune charge, seulement par les « intuitions » des autorités de la justice.

On trouvera encore d’autres interventions de l’exécutif,  voire de la présidence elle-même dans l’affaire Clearstream dite aussi affaire Villepin, dans la mesure où il apparaît clairement que d’aucuns préfèrent nuire à l’ancien Premier Ministre, plutôt que de faire jaillir toute la vérité. En cette occasion, on se souvient que Nicolas Sarkozy avait employé le terme de « coupable » avant même qu’aucun jugement n’ait été rendu.

La disparition du juge d’instruction, juge libre et indépendant est annoncée.

Le pouvoir législatif est aux ordres. Les députés de la majorité votent tout ce qu’on leur demande de voter. Ils choisissent de « soutenir » la politique du gouvernement qui est celle du Président. Les critiques sont peu nombreuses. Quelques uns trouvent les couleuvres peu digestes, mais encore ne s’insurgent-ils pas fortement. Les discussions à l’Assemblée Nationale laissent peu de place à l’opposition. Il arrive que le Sénat résiste et forme un petit vote contraire aux intentions du pouvoir. Qu’importe ! Très vite, on fait revoter et tout passe.

Récemment, le Président de cette assemblée à outrepassé le règlement pour diminuer arbitrairement le temps de parole de l’opposition sur des explications de vote. Il a beau dire que ces explications n’étaient là que pour faire perdre du temps. C’est possible. Mais le règlement l’imposait. Et si l’opposition avait disposé d’un plus large temps de parole au moment des débats, peut-être que cet exercice n’aurait pas eu lieu.

En d’autres temps, Jean Louis Debré, assis sur le même fauteuil que Bernard Accoyer, s’était comporté de façon très différente. Mais à cette époque la, Nicolas Sarkozy n’était pas Président de la République. L’actuel président de l’Assemblée Nationale s’est simplement comporté comme on attendait qu’il le fasse :  « la voix de son maître ». D’aucuns demandent sa démission. A juste titre, car il ne représente plus ni ne protège les droits de tous les députés.

Le pouvoir exécutif est en piteux état. S’il lui restait une quelconque autonomie, on pourrait croire encore à quelques bribes de démocratie. Mais il n’en est rien. Le gouvernement est aux ordres, le Premier Ministre fait tapisserie et la flagornerie du chef suprême sert de projet politique.

Le Chef Suprême s’appelle Nicolas Sarkozy. Il décide de tout. Il arbitre tout. On ne dit pas « le gouvernement a décidé ». Non, on dit « le chef de l’état a décidé ». Ou encore, « on attend la décision du Président » ! En Conseil des Ministres, il distribue récompenses aux plus serviles et punitions à ceux qui se seront à peine écartés du chemin. Il infantilise les membres du Gouvernement, en fait ses choses et ses jouets. Il n’hésite pas à les traiter les ministres avec des noms d’oiseaux ou pire encore.

Jamais, dans toute l’histoire de la Cinquième République, un chef de l’état ne s’était ainsi comporté.

Le pouvoir judiciaire est sous la botte, le pouvoir législatif se vautre dans l’obéissance et la flagornerie, le pouvoir exécutif est aux ordres. La séparation des pouvoirs n’existe pas. Ce n’est donc pas une démocratie C’est une dictature.

Les « visites » présidentielles quotidiennes en province n’ont rien à envier, dans leur organisation, à celles de Kim Jong-il. Toutes les forces de sécurité sont priées d’y participer. Pendant ce temps, les délinquants sont en paix. Et malheur au Préfet qui ratera son affaire. L’exil sera sa récompense.

La Direction du renseignement prend des allures de « Stasi ». A l’occasion de l’affaire Woerth, on a ainsi découvert que les communications téléphoniques d’un journaliste du monde étaient épluchées. Des centaines de renseignements ont été fournis par les opérateurs de téléphonie sans l’aval de la commission de contrôle dont c’est la charge et sans la couverture d’une autorité judiciaire. Ces faits sont témoignages de pratiques abusives de l’exécutif. Il y a lieu de penser que, s’il en est ainsi pour la surveillance téléphonique, il ne peut en être autrement pour d’autres aspects de la vie publique ou privée. L’ombre de l’état policier s’étend sur la nation.

Le pouvoir économique est largement aux mains de quelques uns qui se trouvent, pour la plupart, avoir participer à la cérémonie obscène connue sous le nom de « Nuit du Fouquet’s » : Bernard Arnault (7ème fortune du monde), Martin Bouygues, Serge Dassault, Vincent Bolloré, Antoine Bernheim, Albert Frère, Jean-Claude Decaux, Paul Desmarais, Stéphane Courbit (Endemol), Jean-Claude Darmon (droits télévisuels du football) et l’inénarrable Alain Minc, conseilleur, faiseur et défaiseur de mariages économiques avec un succès très inégal, ce qui ne l’empêche pas de murmurer à l’oreille du Président de la République. Et ce dernier, subitement, prend des décisions inattendues et qui ne feront l’objet d’aucun débat, comme la suppression de la publicité dans les soirées de la télévision publique. Les dirigeants des autres chaînes se sont frottées les mains. Tout au long du quinquennat, on va retrouver les mêmes dans nombre de coups ou de combines financières.

L’Assemblée Nationale et le Sénat sont à genoux, la justice est aux ordres, l’exécutif est prosterné, la police est pilotée. Les puissances de l’argent sont comblées.

pathetique.1289665319.jpgIl ne reste que quelques rares points de résistance. Il s’en est fallu de peu que Le Monde soit investi, après que son directeur ait été convoqué à l’Elysée et menacé. Le Parisien est convoité par Dassault qui possède déjà le Figaro. Parmi tant d’autres choses ! La presse est en grand danger comme dans tous les pays où le pouvoir la verrait bien muselée. L’asphyxie économique menace. Il n’y a que quelques titres qui conservent encore leur autonomie avec quelques sites sur Internet. L’audiovisuel public est aux mains du Président qui en nomme les directeurs. L’audiovisuel privé est entre les mains de grands groupes capitalistes qui n’ont pas l’intention de déplaire. Leurs affaires en souffriraient à coup sûr.

Ainsi, tous les leviers de gouvernement sont entre les mains d’un seul assisté de quelques complices. « Chef d’État qui, s’étant emparé du pouvoir, gouverne arbitrairement et sans contrôle démocratique « ». C’est la définition de « dictateur » dans le dictionnaire Larousse.

Bakounine