Un jour quelqu’un, ou quelques uns, dans la technostructure, ont décidé qu’il fallait que les ASSEDIC et l’ANPE deviennent plus « performants ». Il se fondaient sur un principe intuité mais non vérifié qu’une entreprise privée avait une meilleure productivité qu’une entreprise privée. On décida donc de changer de méthodes de management. On prit en compte la productivité et toutes sortes de ratios (comme si un chômeur était identique à un autre chômeur). On a donc poussé les feux sur le personnel, sans pratiquer la moindre concertation. Il est vrai qu’une telle participation aurait demandé du temps et la technostructure était pressée d’en finir.
On décida aussi le guichet unique. Pourquoi pas ! Très bien ! Mais encore fallait-il que chacun soit bien prépareé à exercer le métier de l’autre, sans compter des questions de différences de salaires…
Et vint la crise. Et ses centaines de milliers de chômeurs. Et le frêle paquebot se mua en Titanic. On en profita pour confier une partie des tâches au secteur « privé » évidemment plus compétent pour prendre au pied levé la suite du secteur public.
Il y a une phrase de Prévert que j’affectionne, tant elle s’adapte à tant de circonstances:
« Quel bordel, Madame Adèle, quel boxon, Monsieur Léon ! »
Si l’on n’avait pas eu un si fort esprit de système, on eut procédé autrement. D’abord remotiver peut-être le personnel habitué à la routine. Créer des structures participatives à l’échelon local pour organiser au mieux le travail et l’accueil et le suivi des usagers. Car on ne me fera pas croire que tous les salariés des ASSEDIC et des ANPE sont des crétins sclérosés et paresseux. Il eut suffi, en vrai, de suivre tranquillement les conclusions des recherches en Psychologie du Travail et en Psychologie des Organisations. Quand tout ceci eut été accompli, on aurait procédé de façon douce et tranquille à la fusion des deux organismes. Et, la crise venue, les performances du système se seraient trouvées améliorées et disponibles pour intégrer du personnel supplémentaire.
Mais au lieu d’une politique qui aurait privilégié l’implication de l’agent et non la structure hiérarchique imposée, on a accompli une révolution rigide, normée et au final ratée.
Quand on aura compris que l’évolution du travail passe par l’écoute et l’implication du travailleur, bien des choses changeront. Ceux qui nous gouvernent feraient bien de se cultiver un peu.
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