On ne sait s’il va tenir comme cela. Cinq ans, cela fait 1825 jours sans tenir compte des années bissextiles. Chaque jour, voilà qu’il nous apporte une idée nouvelle dont la presse et la télévision font leurs choux gras.
Je ne dirai rien de la « politique de civilisation ». Qu’on laisse Edgar Morin tranquille. Qu’on ne cherche pas à rapprocher ce derrnier et Guaino , nommé le Géo-trouve-tout par un commentateur bien avisé du Monde.fr de ce jour.
Et voici que ce soir, c’est assez exceptionnel pour que j’en parle, voici une bonne idée, en espérant que ce ne soit pas une fausse bonne idée: pénaliser les chômeurs indemnisés qui refusent deux offres d’emploi « convenables ».
Cela se pratique dans des pays qui nous servent parfois de modèle, alors, pourquoi pas.
Sauf que l’idée, jetée comme cela en pâture aux foules, ne se suffit pas à elle-même. On imagine le type de 52 ans, cadre balancé pour cause de dividende insuffisant et qui a dû quitter son emploi remplacé par un plus jeune moins cher, et à qui on propose de faire … Contrairement à d’autres pays, on a cultivé, en France, l’idée de « carrière », calquée sur une époque où il n’était pas malaisé de « faire carrière » dans une administration ou une grosse entreprise. D’où la connotation négative pour quelqu’un qui tente de se relancer dans un autre domaine, quitte à redémarrer avec un moindre salaire. Cette idée est d’ailleurs toujours entretenue par les images d’entonnoirs qu’on propose aux jeunes (« Et le petit ? Que veut-il faire dans la vie ? »), avec des formations qualifiantes et pointues alors que les outils, les savoir-faire, les moyens d’analyse et d’action devraient être les plus généraux possibles. Et non point apprendre un métier, mais acquérir des compétences utiles pour des tas de métiers.
Cette proposition (de pénaliser) ne peut être opérationnelle que sous réserve de conditions diverses et compliquées à mettre en place. On dira probablement qu’il faut des moyens. Peut-être. Mais, il faudra surtout offrir des structures de formation ou d’adaptation véritablement fonctionnelles et opérationnelles (autre chose que des stages généraux…). Accompagner la recherche d’emploi sur le mode « coaching » plutôt que sur le mode administratif. S’intéresser profondément à l’état fréquent de faiblesse psychologique des intéressés. Mettre en place une structure d’appel de qualité en cas de désaccord entre l’intéressé et l’administration. Nos gros machins, ASSEDIC et ANPE, sont-ils capables de procéder à une telle révolution culturelle ? Il le faudrait…
Il faut aussi que les entreprises et leurs patrons acceptent leurs responsabilités sociales. Et là, on peut craindre le pire. Car l’entreprise n’a pas pour seule vocation de servir des dividendes aux actionnaires. Elle doit aussi, en contrepartie du service rendu par le salarié, assurer son rôle de pourvoyeuse de développement économique et, donc, d’emploi. Et là… J’ai dû lire queque part qu’il y a quelques dizaines d’années, les deux-tiers des bénéfices des grandes entreprises revenaient aux salariés, contre un tiers aujourd’hui. On sait bien que le tiers qui fait la différence nourrit grassement et de façon amorale les fonds de pension. Alors cette ponction sévère sur l’économie que représentent les dividendes manque pour assumer les autres responsabilités de l’entreprise.
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