Le Président va parler
Dans la salle des fêtes
Comme si c’était une fête d’entendre le Président parler.
On lui a mis un pupitre.
Devant le pupitre, on a mis un micro
Pour que le Président mette des mots dedans
Des mots qui vont se balader partout dans tout le monde.
Dans la salle, on a mis des chaises
Pas trop confortables pour qu’on ne s’endorme pas
Et pour qu’on n’ait pas envie de rester trop longtemps à faire chier.
Sur les chaises de devant, on a mis des ministres,
Sur les chaises de derrière on a mis des journalistes.
Parfois, entre la chaise et le journaliste,
Il y a un pet
Un pet qui a échappé à son auteur qui est plein de confusion
Et que chacun fait mine de ne pas sentir.
Il arrive aussi qu’entre le ministre et la chaise,
Il y ait aussi un pet.
Un pet de ministre, c’est autre chose qu’un pet de journaliste !
Au fond de tout, il y a les caméras,
Avec des cameramen
Qui vont camérer le Présidant parlant pour que le peuple et les autres peuples voient la tronche du Président pendant qu’il va causer.
Voilà que le Président s’avance,
Déterminé,
Il faut bien qu’on voie qu’il est le chef !
Pas une couille molle quoi !
Et puis il parle,
Il parle des paroles verbales,
Il parle des verbales paroles.
Les journalistes font semblant d’écouter,
Même ceux qui ont des gargouillis d’intestin qui vont se transformer en un pet qu’il faudra retenir ou laisser filer petit à petit pour que personne ne s’aperçoive de quelque chose.
Et le Président se fait précis :
Ah la France !
Ah le salut de la France !
Ah l’effort !
Parce que c’est toujours toi, pauvre citoyen qui va en prendre plein la gueule.
Et le Président
Continue avec des mots qui ont déjà tant de fois servis :
Le redressement !
Le courage !
L’avenir !
Et voici que le Président
Sent venir un pet.
Un petit petou qui lui tortille le trou du cul.
Et tout en parlant,
Mine de rien,
Il laisse échapper le petit petou
… qui n’en finit pas.
Et voici, allez savoir pourquoi
Peut-être par solidarité
Le Premier Ministre pète
Le Deuxième Ministre pète
Le Troisième Ministre pète
Et tous les ministres pètent
Et les journalistes pètent.
Pets de saucisson,
Pets de choucroute
Pets de cassoulet
Pets d’artichaut
Pets de fondue et tartiflette
Pets de mogettes de Vendée
Pets de bouillabaisse
Pets de Fines de Claire
Pets de salade niçoise
Pets de gras double
Pets de piperade
Enfin toutes ces sortes de pets
Qui représentent la diversité et la grandeur de la France.
La conférence de presse prend fin
Et toutes les paroles dites
Ne sont jamais que des pets
Qui vont mourir au loin
Au loin, très loin d’ici
Et dont il ne reste rien.
1016 – 13/11/2012
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