Les anarchistes ne fabriquent pas de bombes

Les anarchistes ne fabriquent pas de bombes

Quand parviendra-t-on à faire entendre aux politiques et aux media (aux media surtout) que les anarchistes ne sont pas des individus violents seulement désireux de détruire tout ce qui passe à leur portée.
« L’Anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et pratiques anti-autoritaires. Fondé sur la négation du principe d’autorité dans l’organisation sociale et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées sur ce principe, l’anarchisme a pour but de développer une société sans domination, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d’autogestion » (Wikipedia).
Voilà qui n’est guère violent, qui n’est guère destructeur. Point de bombes, point de fusils. Le principal, c’est la négation du principe d’autorité. Les anarchistes espagnols élisaient leurs officiers. La belle affaire ! Peut-on imaginer un seul instant qu’ils votaient pour le plus stupide ? Évidemment non. Ils choisissaient celui qui les conduisait là où ils devaient se rendre, avec le moins de pertes possibles.
Les anarchistes vont s’intéresser à promouvoir et à créer des modes d’organisation collectives. Impossible ? Bien sûr que non. En France, on pourra s’intéresser au Société Coopératives Ouvrières de Production. Dans une SCOP, les salariés possèdent au moins 65% des droits de vote. Dans une Scop, il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est élu par les salariés associés. Dans une SCOP, le partage du profit est équitable… Il y a environ 2000 SCOP en France.
Savez vous que vos « Chèques Déjeuner » sont émis par une SCOP florissante ?
A l’heure où le libéralisme est la cause d’une crise phénoménale, dont le seul résultat est l’austérité, il est temps de mettre en place et généraliser d’autres formes de production. Les salariés de telles entreprises vous diront qu’ils n’ont pas d’actionnaires à gaver. Pas mal, non ?  Ils vous diront aussi qu’étant propriétaires, collectivement, de leur outil de travail, ils feront passer l’emploi en premier.
Mais dira-t-on, comment peut-on élire son patron ? C’est tout simple. C’est comme les anarchistes espagnols. Les gens ne sont pas fous. On choisira celui qui semblera le meilleur pour conduire l’entreprise et assurer la meilleure rémunération pour chacun. Et puis, s’il ne fait pas l’affaire, rien n’empêche de le remplacer. Car chacun exerce son contrôle sur la direction de l’entreprise.
Les anarchistes ne sont pas, comme on veut nous le faire croire, des gens qui veulent tous commander. Au contraire, l’anarchisme s’accorde bien à l’idée d’élection. Ou plus précisément à l’idée de délégation qui rend mieux compte du contrôle collectif. Ce n’est pas comme un député qu’on parachute en Pas de Calais et qui habiterait Paris et qui ferait bien ce que bon lui semble pendant 5 ans… C’est quelqu’un à qui l’on confie une mission parce qu’on pense qu’il ou elle saura le mieux être utile à la collectivité.
Les SCOP sont-elles l’aboutissement du projet anarchiste ? Pas complètement. Mais ce n’est déjà pas si mal. Et d’ailleurs qui dit que toutes les organisations anarchistes devraient se ressembler ? Ce serait contradictoire. L’essentiel est le mode autogestionnaire, l’abolissement de l’autorité et de l’arbitraire. Lors de l’accident minier de Courrières, en 1906, nombre de mineurs n’ont pu être sauvés parce les ingénieurs avaient décrété que ce n’était pas possible ! On ne saura jamais combien de mineurs sont morts de faim et de soif derrières des éboulement qu’on aurait peut-être pu franchir, alors que les survivants étaient prêts à tout, y compris à mourir, pour sauver leurs camardes.
Les anarchistes ne seraient alors pas des agités poseurs de bombe ? Comme partout, il y a des extrémistes. Mais, pour la plupart, ils sont plutôt pacifiques. Ils n’aiment guère les canons. Mais ils font peur quand ils prônent la destruction de l’Etat. Mais regardons autour de nous dans le monde. Il y a des formes d’organisation de l’Etat, bien plus démocratiques que d’autres. Il y a des pays où les ministres circulent en vélo et prennent le métro, où le salaire des gouvernants est modéré, où les électeurs rencontrent souvent leurs élus, des pays où il y des référendums… Non, la Norvège et la Suisse ne sont pas des pays anarchistes !
Mais il existe bien des formes de gouvernement dont la priorité soit de donner la parole au peuple. C’est toujours ça. Malheureusement, cela semble de plus en plus rare et pourtant, seule la volonté populaire pourra s’opposer à l’ascension d’un tyran. Il y a toujours un tyran dans un coin.
Pour en savoir plus sans trop se « prendre la tête », le texte produit par le collectif anarchiste de l’Université de Melbourne (1989).
L’intérêt, c’est qu’il n’y aura pas un puriste pour vous tenir rigueur du fait que ce texte est imparfait. C’est bon pour les marxistes ! Chez les anarchistes, on respecte la diversité des points de vue.

Bakounine