La nudité au cinéma

La nudité au cinéma

Voici un sujet dont je veux traiter depuis très longtemps, alors que des tas d’évènementss viennent s’entremettre pour m’empêcher de m’exprimer sur cette question de société fondamentale: la nudité au cinéma. L’idée m’en est venue alors que, contemplant un certain nombre de films, il m’est apparu qu’il y avait toujours, ou presque toujours, au moins une scène avec femme nue. Même les américains s’y sont mis. Autrefois pudibond comme pape, c’était tout juste si l’on pouvait entrevoir une bretelle de soutien-gorge. Et voici qu’il y a peu, j’eus le privilège de contempler une femme nue, en entier… de dos.

 

venuscallipyge.1232240130.jpgOr, cette question est de la plus grande importance. Je m’étonne même que notre omniprésident, comme dit le journal volatile, n’ait pas proposé une réforme aussi importante que celle de la publicité sur la télévision publique, quelque chose comme « plus de foufoune avant 22 heures ». Comprenons nous bien: quand je dis « plus de », cela veut dire « davantage », puisqu’on sait qu’après une certaine heure, les chaînes de télévision sont déchaînées à un point tel qu’il devient difficile d’échapper à ces visions… particulières.

 

Tout d’abord, je dois préciser que je ne suis absolument pas hostile à la nudité au cinéma. Au contraire, je suis assez charmé par la beauté de ces corps féminins ainsi exposés aux délices de la contemplation et de l’imagination. Mais, il y a une chose qui ne va pas: hostile comme on sait que je le suis à toute forme de discrimination, je constate qu’il n’y a pas égalité des sexes sur ce sujet.

 

Quoique… Quoiqu’il faille une analyse plus approfondie.

 

La première question est celle de la nécessité artistique. Le réalisateur pourrait-il transmettre son message sans nudité ? Pendant des décennies, on a montré des couples au moment où ils s’allongeaient sur le lit, puis la caméra se tournait vers la fenêtre et… et l’on ne savait rien. Peut-être qu’une fois couché, les membres du couple découvraient leurs imperfections anatomique les rendant incapable de toute copulation. Ou peut-être que le sommier, de mauvaise qualité, s’effondrait sous le poids. Maintenant, aucune tricherie n’est possible. On voit bien que les partenaires sont dévêtus et se chevauchent la plupart du temps. Quoiqu’il reste encore une certaine incertitude: les organes sont-ils bien introduits là où ils devraient l’être et sans qu’on sache vraiment quel orifice est censé être utilisé. Le bénéfice, dans le sens du réalisme supposé, n’est donc pas total.

A propos de réalisme, je me souviens d’une séquence où l’on voyait un couple se partageant  une salle de bains, le matin, avant de partir au travail. Réalisme absolu avec seins et pénis qui pendent. Parfait, mais pour l’érotisme, tintin ! Ceci me ramène justement vers mon propos initial de la détermination de la quantification de la nudité. On va convenir qu’il n’y a pas nudité lorsqu’il n’y a pas un peu de transgression des usages. Ainsi, monter le pied, n’est pas nuditaire. Il en va de même évidemment pour la main, la tête, le dos, etc., etc.  On décidera donc qu’il devrait y avoir exposition nuditive lorsqu’on montrera certaines parties qu’il est usuel de cacher. Nous commencerons donc par le haut, les seins féminins, ceux des hommes pouvant être montrés à tout va sans qu’on y fasse la moindre observation. Il n’est guère de film où l’on ne voit pas une ou plusieurs paires de seins, de façon plus ou moins détaillée avec ou sans mamelon, ce qui peut tout changer. Lors, l’objection vient de suite: l’exposition de mamelles est maintenant affaire commune sur toutes les plages. Peut-on alors parler vraiment de nudité quand on filme des seins? Ou la chose serait-elle saisonnière, comme les « seins en hiver » ? Ou encore, filmer des poitrines féminines dans une chambre à coucher, serait considérée comme exhibition, mais ne le serait point si l’on filmait sur une plage, en été. Cette situation conduit à rejeter la question des seins. Montrer des seins n’est guère plus que de de montrer des genoux avec des jupes courtes ou longues, en hiver ou en été. Il n’ y a donc point de nudité quand on montre des seins. On passera vite sur les fesses. Car sur ce plan, il n’y a guère de différence. Car s’il y a bien des morceaux d’hommes que le cinéma nous montre volontiers, ce sont les fesses. On pourra donc considérer qu’il y a nudité, mais que celle-ci n’est pas traitée différemment pour les hommes et les femmes. femmenueetcochon.1232240896.JPGReste la question du devant. Les devants d’homme ne sont pas très fréquents. Ils sont d’ailleurs exposés en situation basse, ce qui enlève une partie de l’attrait de la chose. Et quant aux femmes, la question du devant est bien décevante. On n’observe rien, sauf une touffe plus ou moins fournie. Mais rien d’autre. Cette touffe sert de dernier vêtement et cache ainsi l’objet de tous les désirs, cet endroit qui, comme le dit Brassens « porte le même nom qu’une foule de gens ». Pourtant cette question du devant est fondamentale. Montrer un devant d’homme, c’est montrer un grand morceau de la bête. Montrer un devant de femme, c’est montrer… rien. Nous voici donc arrivés au terme de notre démonstration qui infirme notre hypothèse initiale. Sachant que montrer des seins de femmes au cinéma n’apporte rien de plus que ce qu’on peut communément observer à la plage, sachant que montrer des fesses ne constitue pas une discrimination car les fesses d’hommes sont traitées comme les fesses de femme, sachant enfin que montrer des devants de femme c’est ne rien montrer, on doit donc considérer que les quelques devants d’hommes qu’il nous arrivent de voir procèdent singulièrement davantage de l’exposition nuditive. La discrimination ne va donc pas dans le sens supposé. Ce sont les hommes qui sont l’objet d’un acharnement voyeuriste, car il sont malheureusement dans l’impossibilité de dissimuler leur organe derrière leur pilosité, hormis, peut-être, certains cas très rares de microscopie pénienne et testiculaire. Il faut donc prendre des mesures pour que soient protégés ces malheureux hommes objets des tendances odieuses de notre société. Où alors, il faut pourvoir à l’égalité de l’exhibition. Ce que réalisent les films diffusés très tard le soir. En raison de leur caractère démocratique et égalitaire, il devient donc nécessaire d’ordonner qu’ils soient projetés dès 20 heures.

Bakounine