Universités : autonomie et privatisation

Universités : autonomie et privatisation

Sans doute la loi d’autonomie des universités a été accueillie par beaucoup avec bienveillance. Il était question de tout gérer, des locaux jusqu’aux choix pédagogiques. Au fond, c’était bon. Pouvait-on croire.

 

Mais voici que cette autonomie est assortie de la mise en place d’un pouvoir fort. Les universités seront gérées par un Président. Auquel sera joint évidemment un Conseil d’Administration. Mais tous les projets de décrets d’application tendent à donner un maximum de pouvoir à ce président.

 

Son pouvoir ira jusqu’à « moduler » la durée du travail des senseignants. Les « mauvais » chercheurs (ceux qui ne parviennent pas à pondre dans la hâte un certain nombre d’articles scientifiques) devront faire plus d’heures de cours. Ce qui, au demeurant n’améliorera pas leurs recherches. Quel pouvoir discrétionnaire ! Et l’on voit, tout de suite poindre le favoritisme et le népotisme. Peut-être même qu’en partageant la couche du président, on pourra ne rien faire !

 

Le modèle économique de la société marchande avance .Les universités vont fort ressembler à des sociétés anonymes avec la mise en place de ces réformes libérales et compétitives, tant en matière de recherche qu’en matière d’enseignement. Sous le couvert publicitaire de l’autonomie, on ne cherche qu’à livrer l’université à certains appétits que nous connaissons bien. Quand on parle de rapprochement avec les grandes écoles, on sait bien que ce rapprochement peut se faire dans plusieurs sens.

 

Tout ceci, bien sûr, au nom de l’excellence ! On peut certainement déplorer le niveau de certains étudiants à l’entrée. Mais ce ne sont pas les universités qui ont décrété « 80% de la classe d’âge au bac ». On peut aussi déplorer les erreurs d’orientation. Mais c’est la contrepartie d’un système démocratique. La démocratie fonctionne par essais et erreurs. Seule la dictature sait d’avance comment elle fera.

 

Pour l’heure, l’Université est ainsi faite et on nous demande déjà assez de pratiquer une politique de réussite qui frise la démagogie. C’est probablement cela qu’il faut changer plutôt que les pouvoirs du Président. Depuis des siècles, l’Univerté était collégiale. Elle fonctionnait un peu comme une coopérative. Une coopérative pleine de spasmes, mais une coopérative quand même. Aujourd’hui, la porte d’entrée de la Société Anonyme est ouverte.

 

Quand l’Etat décidera de réduire son financement, il faudra bien trouver des ressources quelque part. Alors, on augmentera les droits d’inscription et l’on se tournera vers un partenariat avec le secteur privé. Les étudiants pauvres seront rejetés et la recherche fondamentale prendra un coup dans l’aile.

 

Les yeux tournés vers l’Amérique, la Sarkozie veut nous faire singer les universités américaines, qui ne sont pas toutes glorieuses, d’ailleurs. C’est un choix évidemment politique, comme pour le reste.

 

On me dit qu’il est en train de se passer des choses similaires en Italie. Voilà qui n’étonne pas !

Bakounine