Faut-il sauver « Le Monde » ?

Faut-il sauver « Le Monde » ?

logomonde.1210459501.jpg

Je suis de ceux qui pensent, peut-être à tort, que Le Monde n’est pas un simple journal… comme les autres. Chaque pays démocratique dispose d’un ou deux journaux de référence, Times, Post, etc…. C’est-à-dire un quotidien qui n’est pas strictement asservi à la loi de l’offre et de la demande et qui peut se permettre de publier des articles qui emmerderaient probablement 95% des français, mais qui apportent aux 5% tout aussi respectables que les autres les informations qu’ils attendent, en matière de politique, d’économie, de culture. Pour tout dire Tout est culture. C’est bien cela, ce désir de connaître au mieux tout ce qu’il y a à savoir dans autant de domaines que nos désirs nous portent à explorer.
Abonné au Monde, je me plains parfois de ne disposer du journal que le lendemain, voire, en raison des lenteurs de la poste, après même que le numéro suivant ait paru. Mais Le Monde est un journal qu’on peut lire avec du retard. Pour l’information immédiate, nous avons France Info qui est très bien dans ce créneau. Pour l’information un peu plus approfondie, un peu mieux vérifiée Le Monde est parfait.
Cette position particulière a été gagnée grâce à un labeur obstiné de patrons méritants et de journalistes qui ont partagé ces valeurs professionnelles qui ont fait la respectabilité et la réputation du titre. Le Monde est donc un objet culturel. A ce titre, il ne doit pas être soumis à des impératifs excessifs de productivité. Ce quotidien est à la presse ce que la Comédie Française est au théâtre. C’est le « théâtre subventionné » qui mérite bien son nom et qui porte des traditions qui ne sont pas celles du théâtre de boulevard (qu’on va peut-être devoir subventionner à son tour tant la télévision produit de ravages).
A cela est une contrepartie. Les Sociétaires de la Comédie Française ont des obligations et sont loin d’être les acteurs les mieux rémunérés du monde du spectacle. Il en est de même pour l’administration.
Le Monde doit donc être aidé. Plus que les autres journaux et tant pis si ces derniers râlent. D’ailleurs, nous n’avons pas le choix. Nul ne peut imaginer la disparition d’un journal de référence. Et la contrepartie est celle des sociétaires du Théâtre Français : accepter de n’être pas les journalistes, les documentalistes, les rédacteurs en chef les mieux rémunérés du marché. Il en sera de même pour Eric Fotorino qui devra se contenter du raisonnable  même si ceci tranche avec l’époque de son prédécesseur.

A charge, maintenant, aux gens qui savent faire des montages financiers d’opérationnaliser tout cela :
1. Le Monde étant un objet culturel, il n’a plus d’actionnaires, il a des mécènes. Leur contribution relève fiscalement des règles du mécénat.
2. Si nécessaire, le Ministère de la Culture apporte une contribution.
3. Les administrateurs sont bénévoles.
4. Tout le personnel du journal, toutes position et toutes responsabilités, ne saura être rémunéré de façon exagérée.
5. On ne pourra cumuler un engagement à temps plein et d’autres activités rémunératrices extérieures (livres, documentaires, etc.) que dans une certaine limite, l’excédent étant reversé au journal.

Messieurs, Mesdames les juristes, à vos codes pour mettre tout ceci en forme juridique (association loi 1901 dont les abonnés seraient les adhérents, ce qui au passage nous exonérerait de la TVA pour les services offerts à ces derniers ?).

Messieurs, Mesdames, les financiers à vos tableurs pour sauver cette œuvre.

Bakounine