Sarko, l’Afrique, les Etats Unis, le monde: attention danger !

Sarko, l’Afrique, les Etats Unis, le monde: attention danger !

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De longue date, la politique extérieure de la France a toujours été marquée par un non-alignement, vis à vis des Etats Unis. Cela ne date pas d’hier. De de Gaulle à Chirac, en passant par Mitterand, la France s’est toujours réservée une position singulière et bien différente, par exemple, de celle de la Grande Bretagne. Les justifications de cette attitude sont diverses. Elles ont d’ailleurs passablement évolué selon les présidents. Si de Gaulle se référait implicitement aux différends qu’il eût avec ces puissances pendant la deuxième guerre mondiale, Mitterand se tenait à distance respectable des Etats Unis pour des raisons idéologiques socialistes. Quant à Jacques Chirac son regard porté sur le monde et notamment sur les pays en voie de développement était bien différent de celui de Georges W. Bush. Cette dernière différence trouva son acmé au moment de l’intervention des Etats Unis en Irak pour provoquer la chute de Sadam Hussein et tout ce qui s’ensuivit.
On remarque que ceci permit à la politique étrangère de la France de tenir sur une position qui lui permettait d’être perçue dans le monde d’une façon singulière notamment face aux présidents républicains ou des chefs de gouvernement conservateurs: trois exemples : la guerre du Vietnam (Richard Nixon) et la dernère intervention en Irak (George W. Bush).De même, au moment de la guerre des Falkland la position française fut plus nuancée que celle de Margaret Tatcher.
Même si notre politique africaine laissait parfois à désirer, depuis Jacques Foccart et le soutien à certains dictateurs.
Au final, Nicolas Sarkozy laisse entendre que la France pourrait bien intégrer l’OTAN, y compris au niveau du commandement intégré, c’est à dire accepter que les militaires français interviennent sous les ordres de généraux étrangers et notamment américains. Ce qui est presque à l’opposé de la position antérieure d’allié permettant d’évaluer au cas par cas les mesures qu’il convenait de prendre.
On peut discuter des évaluations de cette politique de non alignement. On peut dire aussi qu’elle était probablement motivée par des considérations économique (gaz soviétique ou algérien). C’est possible. Mais il n’en reste pas moins que l’opinion publique internationale considérait la France « autrement » ce qui n’était pas sans intérêt notamment pour des partenariats dans la résolution de crises, comme en Yougoslavie, par exemple. On n’a pas forcément légitimité à être trop fier de cette situation car elle a pu conduire parfois à une certaine vanité non justifié compte tenu des résultats variables de cette politique. Certains furent lamentables comme la livraison de centrales nucléaires à l’Irak. C’est probablement le prix à payer de l’indépendance politique.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy présente des orientations politiques très différentes de celles de ses prédécesseurs. Vis à vis de l’Afrique, il a commis deux graves impairs: le discours de Dakar qui peut être interprété comme possédant certaines connotations racistes, ce que, naturellement les adversaires ne manquent pas de souligner. L’autre est l’intervention à la Rambo au Tchad, à propos de l’affaire de l’Arche de Zoé. Car il ne faut pas s’y tromper. La libération des journalistes et du personnel navigant de l’avion destiné à emmener les enfants en France a été obtenu au mépris du droit tchadien et au mépris des autorités judiciaires tchadiennes.
Cette situation est extrèmement nouvelle. En d’autres temps on aurait procédé à l’aide d’une diplomatie traditionnelle et lente en recherchant à ne blesser aucun amour-propre. Et s’il est évident que les journalistes et les hôtesses de l’air n’ont aucune responsabilité, on aurait pu sauvegarder les formes en négociant au moins de bonnes conditions de détention, puis une comparution devant un tribunal local.
Le pire a été de demander que les responsables de l’association soient jugés en France. Quelle eût été l’attitude de Nicolas Sarkozy si le délit avait été commis en France et qu’on eût voulu juger les responsables en Afrique ?
Voici donc qu’en quelques mois, le Président de la République Française a renversé la vapeur. Il l’a fait de son propre chef. Ces orientations n’ont pas été clairement annoncées lors de sa campagne électorale. Il n’a pas consulté le peuple. Il n’a pas consulté le Parlement.
C’est grave car on ne peut préjuger des conséquences. On va même jusqu’à douter qu’il puisse s’agir d’une orientation structurée. Des exemples de l’immaturité de l’homme ont déjà été fournis en politique intérieure (cf. ses rencontres avec les cheminots ou avec les pêcheurs) avec l’annonce d’intentions irréfléchies qui ruinent des pans entiers de la politique qu’on veut, par ailleurs appliquer. Il ne s’agit évidemment pas d’un renversement d’alliance, mais tout de même. De Gaulle voulait décider lui-même du lancement des missiles nucléaires et ne confier à personne une décision aussi grave.
Aujourd’hui, les déclaration béates, voire niaises, d’amour pour les Etats Unis d’Amérique nous ridiculisent et nous inquiètent.

Photo: Le Monde du 9/11/2007

Bakounine