Sur la question de l’envoi de soldats français en Afghanistan et le refus d’un vote par l’Assemblée Nationale

Sur la question de l’envoi de soldats français en Afghanistan et le refus d’un vote par l’Assemblée Nationale

afgha.1207179410.jpgLa manière pour le moins triviale avec laquelle il a été répondu aux questions des députés de l’opposition, comme de certains députés de la majorité, d’ailleurs, mérite quelques commentaires.

Ce n’est pas un fait nouveau sous la cinquième république. La représentation nationale a presque tout le temps été éloignée des questions militaires, notamment de celles qui auraient pu dépendre, à tort, d’un « domaine réservé » du Président de la République. Cette habitude date de loin puisqu’elle fut initiée par le général de Gaulle lui-même pour qui toute la politique internationale dépendait de sa sphère privative. Cet état de fait n’est pas démocratique. Même aux U.S.A., pays dans lequel le pouvoir présidentiel est fort sur les questions internationales, le chef de l’exécutif doit rendre compte. Depuis le début de l’intervention en Irak, Geores W. Bush a dû, à plusieurs reprises, s’adresser au Congrès américain pour pouvoir disposer des fonds nécessaires. Il a donc fallu donner quelques explications, au moins assez pour permettre un débat public.

En France, voici que Nicolas Sarkozy semble vouloir décider seul de l’envoi d’un contingent supplémentaire d’un millier de militaires en Afghanistan, mission périlleuse et dangereuse où la vie des intéressée sera exposée comme elle l’est déjà pour ceux qui se trouvent là-bas. Déjà, dans l’affaire de la Bosnie, la question s’était fortement posée. Et si la légitimité de l’intervention n’était guère contestée, la nature de la mission a maintes fois été source de questions dans la mesure où les instructions des forces de l’O.N.U. ne permettaient pas d’empêcher certains massacres ou débuts de génocide.

A la lumière de cette expérience, il est donc tout à fait légitime que la représentation nationale souhaite examiner, de façon approfondie, la légitimité de l’envoi d’un nouveau contingent en Asie. C’est donc lui faire injure que de refuser un tel débat avec vote. Même si l’on peut dire que certaines habitudes du passé n’étaient pas aussi exigeantes, c’est tant mieux que les choses changent.

Naturellement, immédiatement la majorité a pris la mouche et, au lieu de prendre acte de la légitimité de la demande et de mettre en place une méthode de réponse à la question, s’est répandu dans des considérations périphériques. Sarkozy qui se présentait comme un homme de rupture, aurait dû accepter aussitôt sans attendre le dépôt d’une motion de censure quitte à mettre en place, si nécessaire, quelques réunions à huis clos si la sécurité l’imposait. Mais il semble, sur ce sujet aussi, que la « rupture » n’aut été qu’une formule de propagande électorale.

Lire l’analyse parue sur Rue89, le 9 février .

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou« .

Bakounine