Monsieur Je-Sais-Tout, souvenez-vous en, avait prévu de modifier les programmes scolaires. Il a notamment demandé un plan à son Vizir, le Ministre de l’Education qui s’est plié, naturellement aux exigences du Calife. Mais comment faire pour permettre aux enfants de baigner dans un bain linguistique profitable ?
J’ai donc décidé de faire quelques propositions que voici:
1- Les parents devront s’exprimer devant leurs enfants dans un français châtié et académique. L’usage des gros mots sera naturellement interdit. A la première faute, l’intéressé recevra un avertissement. A la deuxième, un blâme. A la troisième, il sera condamné à une peine de prison comprise entre un et trois mois. En cas de récidive, la peine sera doublée. En cas de seconde récidive, elle sera quadruplée, et ainsi de suite.
2- Compte tenu de leur position sociale, les hommes et femmes politiques, les animateurs et présentateurs de télévision, les journalistes, etc, devront se plier aux mêmes règles. A la première faute, l’intéressé recevra un avertissement. A la deuxième, un blâme. A la troisième, il sera condamné à une peine de prison comprise entre quatre et douze mois, sera révoqué s’il s’agit d’un salarié, ou destitué s’il s’agit d’un homme politique. Il sera privé de ses droits civiques pendant un an, à vie s’il s’agit d’un ministre ou du Président de la république. S’il s’agit du Ministre de l’Education, il sera condamné, comme peine supplémentaire à conjuguer tous les verbes du dictionnaire à toutes les personnes, à tous les temps, à tous les modes.
3- A partir du 1er septembre 2008, toute personne prétendant à un emploi public ou à un mandat électoral devra subir un examen comprenant une rédaction, une dictée et un exposé sur une oeuvre d’un poète, d’un grand écrivain ou d’un philosophe français. Sa note devra être dans le quartile supérieur des notes obtenues par un échantillon représentatif de la population française.
4- Entre 16 heures et 20 heures, les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis, MSN et autre forme de messagerie instantanée par Internet sera interrompu. Toutes les chaînes de télévision accessibles en France, par tous les moyens de diffusion, diffuseront les programmes de la Radio-Télévision Scolaire. Les programmes seront répartis entre les chaînes pour que tous les niveaux scolaires et toutes options bénéficient d’un programme adapté. Aucun autre programme ne pourra être diffusé, sauf s’il présente des critères suffisants du point de vue des qualités de narration et de syntaxe.
5- Les journaux et les magazines feront l’objet d’une surveillance approfondie. La presse de qualité (quotidiens, hebdomadaires, nous savons bien lesquels…) sera subventionnée afin d’être distribuée au plus bas prix. Il en sera de même pour la diffusion des bonnes oeuvres romanesques, comme pour tous les films, téléfilms et plus largement toute oeuvre qui incorporera dans son cahier des charges le respect de la langue française. Mais on devra aussi respecter le principe de la liberté d’expression absolue sur tous sujets, y compris la pornographie, à condition que soient respectées les formes littéraires et artistiques, en favorisant la culture de l’art de la litote. Dans certains cas, des locutions inadaptées, voire grivoises seront admises comme témoignage anthropologique et vernaculaire d’une société vulgaire en voie de disparition.
6- Ces subventions seront financés par des taxes sur la presse vulgaire (nous savons bien laquelle), dite « pipole », sur les émissions de télévision flattant les instincts ordinaires dont il n’est pas besoin de faire l’inventaire tant celui-ci va de soi. Seront aussi taxées, les publicités qui contreviendront aux règles ci-dessus énoncées.
7- Les professeurs de français seront chargés d’une triple mission. Valoriser le travail et la rémunération de ceux qui, parmi eux, s’engageront totalement dans cette oeuvre d’intérêt national. Mais ils devront accepter de vouer aux Gémonies ceux qui ne collaboreront pas. Ils devront aussi veiller à ce que les prescriptions ci-dessus énoncées soient bien respectées. Ils disposeront pour cela, si nécessaire, des force de la Justice, de la Police, voire de l’Armée. Mais ils devront aussi accomplir leur tâche dans un esprit coopératif et libertaire afin de conduire la France vers la République de l’Esprit.
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