Alternative à l’économie administrée: l’économie mutualiste et coopérative

Alternative à l’économie administrée: l’économie mutualiste et coopérative

Dans l’édition du 7 février 2008, Etienne Pflimlin, le Président du Crédit Mutuel raconte l’histoire de la Nothern Rock.

Jusqu’en 1997, Northen Rock est une mutuelle bancaire de détail du nord de l’Angleterre dont l’essentiel de l’activité est le crédit immobilier refinancé par les dépôts des sociétaires. En avril 1996, les dirigeants projettent de convertir la mutuelle en société par actions au motif d’une plus grande liberté (prêts diversifiés, refinancement sur le marché, etc… L’adhésion des sociétaires est obtenue par l’offre d’actions gratuites et la distribution des réserves accumulées depuis plus de cent ans ! Cette proposition obtient naturellement, sans débat, l’accord des sociétaires. Dès l’introduction en bourse les dirigeants tombent le masque. Augmentation de leur rémunération (32% en un an) et 17000 stock-options ! Pour la suite, qu’on imagine, je cite l’auteur de l’article: « Devenue une banque cotée, Northern Rock poursuit sa trajectoire ascendante sur le marché du crédit à l’habitat, au prix d’un virage stratégique : chute de moitié du nombre d’agences, licenciements, recours considérable aux intermédiaires de crédit (90 % des nouveaux prêts en 2007), explosion du refinancement sur les marchés (75 % du total en juin 2007) au détriment des dépôts clientèle (25 % du total en juin 2007). Grâce à ces leviers de profitabilité, Northern Rock devint la bête noire du marché : sa part de marché des prêts immobiliers passa de 2,3 % en 1997 (9e place) à 8,3 % en juin 2007 (5e place). La croissance fulgurante des crédits, largement refinancée sur les marchés et faiblement couverte par les fonds propres, sera stoppée par la brutale crise de liquidités de juillet 2007. La fin de l’histoire est connue : déconfiture, ruée des déposants dans les agences, et intervention de l’Etat. ».

Simplement par le désir de gagner davantage, les dirigeants de cette banque l’on conduite à la déconfiture. D’une banque proche de ses clients, déposants et emprunteurs, ils en ont fait une machine dépendante de la bourse en lui transférant les risques financiers. Quand la bourse a plié les genoux, la banque a suivi.

Le modèle mutualiste et coopératif offre donc une alternative solide et crédible à l’économie de marché comme à l’économie administrée. Dans ce modèle, le client, l’emprunteur, le consommateur de services, est aussi, d’une certaine façon propriétaire d’une part sociale, même si elle très petite. Les gestionnaires sont régulièrement amenés à rendre compte dans les assemblées générales devant les sociétaires, ce qui implique que tout ne leur est pas permis.

A cela, il faut ajouter que l’entreprise coopérative ou mutualiste n’a pas de dividende à distribuer. Elle n’a pas d’actionnaires. Elle appartient aux sociétaires. Une société mutuelle d’assurances en avait fait, il n’y a pas si longtemps, un argument publicitaire pour expliquer ses tarifs attractifs par cet état de fait.

La mutualité, en France, est l’héritière des sociétés de secours mutuel des ouvriers des corporations. Ce mouvement s’inscrit à contre courant du libéralisme et du capitalisme, puisque, par définition, il est social et a pour fonction d’apporter des services, voire protection, aux sociétaires. Sa réussite dans un certain nombre de domaine (assurance, protection sociale, banque, coopératives d’achat) en font un modèle stable et cependant compétitif.

 

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N.B.: cette « publicité » pour le Crédit Mutuel est une initiative désintéressée de l’auteur.

 

Notes d’économie politique 13 – 10 février 2008

Bakounine