La libre concurrence ou le péché mortel du libéralisme

La libre concurrence ou le péché mortel du libéralisme

Le refus de l’Europe de taxer les briquets fabriqués en Chine procède d’un esprit de système : le dogme de la libre concurrence.
Tout un chacun aurait tendance à y croire. Il est vrai que, s’il y a plusieurs fournisseurs pour une prestation donnée, on pensera volontiers la concurrence sera un facteur de baisse des prix. On sait bien que si une entreprise est seule à fournir un service indispensable, elle pourra faire le prix qu’elle veut.
Les habitués des appels d’offre savent cependant que la simple comparaison n’est pas suffisante. Il faut s’assurer que la qualité de la prestation sera la même quel qu’en soit le prix est la même. Comme il n’est pas toujours facile d’en avoir la certitude, on va se retourner vers une notion de rapport qualité/prix, ce qui n’est pas forcément simple.
La concurrence repose, au départ, sur l’idée que certaines entreprises tenteront de faire des bénéfices exagérés. Si c’était exactement le cas, les choses seraient simples. Mais évidemment, bien d’autres éléments entrent en ligne de compte dans la formation des et notamment le coût de la main d’œuvre. Et c’est bien là que réside, par les temps qui courent, la supériorité chinoise.
En matière de téléviseurs, de chaîne hifi, d’informatique, la quasi-totalité de ce qui est distribué dans le monde est fabriqué en Chine. Tout simplement parce que les salaires y sont moins élevés et qu’après bien des erreurs, la qualité des produits chinois est satisfaisante.
La libre concurrence libérale a conduit à ce fait : la Chine dispose de l’exclusivité dans la fabrication de ces produits. Elle peut donc pratiquer les prix qu’elle veut. Naturellement, elle risque de se trouver un jour devant un concurrent. Mais, comme la terre n’est pas infinie, il arrivera un moment où il n’y aura plus de concurrent.
Prenons un autre exemple, celui de l’industrie automobile. On constate que, des dernières années, des fusions se sont produites, ou des accords tellement serrés qu’ils reviennent au même. L’un des premiers exemples fut l’accord entre Renault et Nissan. Depuis, bien d’autres se sont produits. Seul en France, Peugeot se trouve isolé et va mal. On est en droit de penser que ce processus de fusion-acquisition ne s’arrêtera pas là, jusqu’au jour où il n’y aura plus que deux constructeurs, et encore un peu de concurrence. Puis il n’y en aura plus qu’un, et là, il fera les prix qu’il voudra.
Prenons enfin, le cas de Mittal qui se trouve être le plus énorme groupe de sidérurgie dans le monde et qui ne se prive pas de phagocyter toute la concurrence, comme ce fut le cas pour Arcelor. Il arrive même que ce désir de possession n’a d’autre objectif que d’arrêter les usines qui pourraient faire de l’ombre ou dont les coûts d’exploitation sont trop élevés. Quand on possède la quasi-totalité de la sidérurgie mondiale, Florange c’est une minuscule crotte de chien.
C’est tellement vrai que les Etats Unis, pays libéral s’il en est, a dû adopter des lois anti trust !
Au passage, on aura vendu et acheté, les filiales, les sous-traitants : malheur aux sous traitants qui n’ont plus qu’un client ! Au passage, aussi, on ne se sera pas privé d’une bonne dose de plans sociaux produisant le chômage, la misère et la désolation dans des pans entiers du territoire.

Notes d’économie politique n°80
1026 – 28/11/2012

Bakounine