Voilà des millénaires que les humains rendent la justice. Ils l’ont pratiqué avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de barbarie, avec plus ou moins de « justice », pour tout dire. On a pratiqué les sanctions les plus spectaculaires, décapitation, bûcher, précipitation du haut de la roche Tarpéienne. On a coupé des mains, des oreilles et pire encore. Naturellement on a enfermé dans toutes sortes de prisons jusqu’aux culs de basse fosse. Et s’il y a une chose que l’on sait après ces siècles de répression, c’est bien que cette répression-là n’a qu’un effet limité.
Après l’abolition de la peine de mort, on n’a pas vu augmenter le nombre de crimes.
En France, où le nombre d’emprisonnés augmente sans cesse, on ne voit pas diminuer le nombre de délits. Et s’il est évident que la sanction est indispensable, ne serait-ce que pour le respect des victimes, tout le monde sait bien que sa portée est limitée. Donc, depuis quelques décennies, on commence à prendre conscience que les mesures éducatives constituent un complément indispensable à la sanction.
On aurait pu s’attendre que notre nouveau législateur, stimulé par les propositions étonnantes et pourtant non dépourvues de bon sens, de la candidate Ségolène Royal, se saisisse de cette question des mesures éducatives. Et non point. Voici qu’il s’apprête à voter des peines plancher pour certaines catégories de délits et de délinquants. Notamment les récidivistes. Et s’il existe bien une preuve de l’échec de la politique de sanction, c’est bien l’existence de récidivistes. Non ? Puisque, malgré la prison, ils recommencent.
Mais pire encore, dans le sens ou la notion de peine plancher entrave la liberté d’appréciation du juge, elle constitue une ingérence dans le pouvoir judiciaire. « Surtout, une nouvelle philosophie pénale se met en place. Jusqu’à présent, le juge devait motiver la privation de liberté. La logique du projet de loi présenté est inverse. C’est le maintien en liberté que le magistrat devra justifier » (http://www.surveillants.net/modules/news/).
C’est la première entorse à la démocratie du régime Sarkozy.
Comme c’est parti, il est à craindre qu’il y en ait d’autres.
Laisser un commentaire