J’entame aujourd’hui une série de contributions qui ont pour objet d’examiner comment et de quelle façon les situations sociales devraient être aménagées, modifiées, transformées pour répondre tant soit peu à l’idéal autogestionnaire.
Certains disent que l’autogestion c’est l’anarchie. Ce qui est un peu vrai. Sauf qu’ils entendent « anarchie » dans le sens commun, c’est à dire le désordre. L’autogestion et l’anarchie sont des ordres sociaux dans lesquels, simplement, le principe d’autorité a été rejeté. C’est ce qui est traduit dans la formule : « Ni dieu, ni maître, ni état, ni patron ». Chacun de ces constituants veut naturellement dire quelque chose de particulier.
« Ni dieu » se rapporte évidemment à l’obscurantisme religieux. Celui qui conduit les individus à penser de manière dirigée et, pire encore, à commettre des actes en contradiction avec le principe de liberté. Le point le plus dangereux de cette dépendance est, naturellement, le fanatisme religieux à l’origine, dans l’histoire, de toutes sortes d’exactions, d’attentat , de massacres. Ce fanatisme est entretenu par des manipulateurs qui conduisent des êtres moins fort sur des chemins de dépendance, voire d’auto-sacrification. Toutes les religions appartiennent à cette catégorie et même celles qui ont progressé sur le chemin de l’intelligence et de la liberté, restent toujours source de dangers. On serait tenté, par exemple, d’amnistier un peu les catholiques qui ont progressé dans le sens du respect de l’homme et de la tolérance. Mais on ne peut s’empécher de considérer que certaines sécrétions sont très dangereuses. On pense immédiatement aux intégristes, à l’Opus Dei et à toutes sortes d’organisations de ce genre. Ce qui montre bien que malgré l’évolution, la croyance religieuse ne peut que conduire vers des positions redoutables et des excès.
« Ni maître » se rapporte à l’esclavage dans ses formes anciennes ou modernes. Nul n’a vocation à pouvoir disposer d’autrui, de son temps, de sa force, de sa vie. Toutes les organisations sociales qui reposent sur la domination d’un ou plusieurs membres sur les autres sont pernicieuses. Il y en eût, il y en a, de graves et sauvages comme l’esclavage tel qu’il est pratiqué depuis la nuit des temps. Mais cet esclavage revêt des formes insidieuses qui ne sont pas facilement contestées par les sociétés contemporaines. Le meilleur exemple est celui de l’esclavage conjugal dans lequel la femme (généralement) doit satisfaire son mari. Ceci commence dès ce dernier débouche une canette de bière et s’installe dans le canapé pour suivre un match de foot pendant qu’elle fait la vaisselle, la cuisine, le lavage, le repassage, etc.. Ceci se déploie dans toutes les tâches ménagères et d’entretien des enfants et trouve sa consécration finale dans l’esclavage sexuel.
« Ni état » se comprend dans le refus de toute organisation donnant le pouvoir à une ou plusieurs personnes. C’est probablement sur ce point que les anarchistes s’éloignent le plus des communistes. Et si, dans dictature du prolétariat, il y a le mot « dictature », les mises en oeuvre du communisme ont montré qu’elles produisaient une organisation sociale autoritaire dans laquelle chaque soviet est sous l’autorité d’un autre, finissant par l’autorité de soviet suprême et du premier secrétaire. Les excès des organisation communistes qu’on attribue souvent à la « nature humaine », sont surtoutle produit de l’organisation sociale et politique. Dès les premiers instants de la révolution soviétique la structure étatique s’est installée pour devenir ce qu’on sait et se transformer dans une des pires dictatures que le monde ait connu.
« Ni patron » concerne la confiscation de la force de travail. Cette force n’appartient légitimement à personne d’autre qu’à son producteur et il particulièrement odieux que certains revendent cette force et s’enrichissent de cette façon. Dans un environnement autogestionnaire, le travail profite au travailleur, ce qui n’excut pas des organisation collectives pour tirer et rapporter profit de ce travail. S’il s’agit de fabrication, il faudra bien que des commerciaux s’occupent de vendre les objets produits. Mais, en tout état de cause, le revenu obtenu par la convergence de ces forces de travail qui peuvent être différentes, conduit à faire profiter les travailleurs et eux seuls. Aucune organisation qui en tirerait quelque avantage sans contrepartie ne peut être acceptée. Naturellement, si le travail doit rémunérer le travailleur, il doit aussi apporter sa contribution à l’installation, au maintien et au progrès social de tous. Ce qui veut dire qu’une part de ce que donne chacun est destiné aussi au bon fonctionnement de la collectivité.
Ces quatre principes président à l’organisation de la vie politique et sociale autogestionnaire. Il conviendra maintenant d’en décliner les applications dans les moments de cette vie.
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