L’Islande, la crise et la consommation

L’Islande, la crise et la consommation

carte_islande.1224888076.jpgSi les soixante-huitards dont je fais partie, consomment tout en continuant à critiquer la société de consommation, ils commencent à se trouver un peu seul. Car la consommation est devenue envahissante et peu critiquée. L’examen des caddies aux caisses des supermarchés, notamment le premier samedi du mois, après la paye, en donne témoignage. Y figurent des produits de peu d’intérêt sur le plan nutritif, voire organoleptique, et qui ne sont venus là que parce que la publicité les y a conduits.

 

Il y a d’ailleurs quelque chose de totalement surprenant quand on constate que des sites Internet, des journaux et des chaînes de  télévision puissent être totalement financés par la publicité. Car il faut bien, au final, que les annonceurs de TF1 se rattrapent quelque part. Et la publicité a ceci d’odieux, c’est qu’elle est le plus souvent mensongère en présentant comme nouveaux ce qui ne l’est pas (ou si peu), en présentant des vertus qui n’existent pas (ou si peu). Ainsi a-t-on inventé le verbe mincir pour parler des produits qui ne faisaient pas maigrir !

 

Les Islandais ont consommé comme des malades.

 

Pendant très longtemps, les hommes n’ont consommé que ce qu’ils produisaient. Et les cultures agricoles fournissaient la nourriture, les forêts le bois de chauffage ou de construction, les carrières, les pierres, la pêche, les poissons, etc., etc.. Ils consommaient aussi ce qu’ils volaient comme le faisaient les rois en levant l’impôt. Et si les rois s’endettaient, au moins le peuple plus sage, ou contraint de l’être, s’endettait peu.

 

La société de consommation a changé tout cela. Et le peuple de Zola qui s’endettait pour payer son pain, s’est mis, désormais repu, à s’endetter pour tout et n’importe quoi. Et c’est devenu d’autant plus facile que tout le monde y trouve son compte: le vendeur qui vend et le préteur qui prête. Souvent d’ailleurs, ils font partie de la même bande et le guichet du crédit voisine à trois mètres la caisse. Je me souviens d’un vendeur de Conforama, prêt à baisser son prix, pour autant que j’achête à crédit, la commission de la société de crédit venant compenser le manque à gagner de la vente.

 

Et puis on a inventé la ligne de crédit « revolving », la ligne de crédit ouverte à un taux quasi usuraire…

 

Les islandais ont emprunté comme des malades.

 

L’Islande se trouvait disposer d’une monnaie un peu surévaluée. Allez savoir pourquoi. Donc on empruntait en euros ce qui offrait des taux de crédit plus réduits. Ainsi, les islandais ont emprunté 5 fois leur PNB. Pour rembourser, il leur faudra travailler 5 ans sans toucher un rotin ! Et en même temps, leurs banquiers, aussi cons que les autres, leur vendaient des actifs pourris, pour placer leurs faibles économies ou pour constituer un capital pour la vieillesse.

 

Et, compte tenu de la petitesse des banques islandaises, elle se sont cassé la figure parmi les première. La couronne islandaise s’est complètement écrabouillée et les emprunts en euros sont devenus horriblement cher en même temps que les valeurs pourries s’effondraient entraînant tout le reste.

 

Les islandais endettés jusqu’au cou et sans doute au delà, sont maintenant dans la fosse septique !

 

Cherchons les coupables.

 

L’état évidemment qui a totalement manqué à son rôle protecteur et régulateur, comme partout ailleurs. Les banques vendant n’importe quoi comme partout ailleurs. Et les organismes de crédit vendant du crédit encore plus qu’ailleurs.

 

Le cas de l’Islande n’est pas et ne sera pas le seul. Nous allons probablement constater que la société scandinave doit sa relative paix sociale et politique a sa compromission avec la société de consommation. Du coup, le modèle risque d’être moins modèle qu’il n’y paraissait.

 

Le cas de l’Islande ouvre la voie de l’analyse de la crise. Il ne suffit pas de clamer qu’on va réformer le capitalisme, car les acteurs de cette catastrophe sont très nombreux et dispersés. Il n’y a pas que les banques, puisque c’est toute la chaîne de production, de vente et d’offre de consommation qui est concernée. Nous devons donc continuer notre analyse pour continuer à montrer que toutes les structures de production et de commercialisation se sont trouvées unies pour s’embarquer sur ce navire, y compris les pouvoirs politiques complices par ignorance, ou bêtise, ou par esprit de système d’hostilité envers toutes les formes d’organisation coopératives. Et lorsqu’on continue, par exemple, à vouloir valoriser les retraites par capitalisation, on est complice. Que valent aujourd’hui les retraites des islandais ? Vaut-il mieux que les générations à venir payent la note des retraites de leurs parents ou remboursent les crédits que ces derniers ont exagérément souscrits ? Sans compter l’injustice sociale, car on sait bien que l’impact sur les grandes richesses sera bien moins fort. Car ce n’est pas aussi dur de perdre 50% de 100000 euros que 50% de 1000 euros.

 

P.S.: Quelle est la monnaie islandaise ? le 4×4 !

 

Notes d’économie politique  35 – 25 octobre 2008

Bakounine