Les « instruments financiers »: la loterie, la roulette (russe)

Les « instruments financiers »: la loterie, la roulette (russe)

bourse.1210807154.jpgJe sorts d’un échange avec une personne qui s’y connaît un peu et qui m’expliquait ce qu’étaient les « instruments financiers » et autres gri-gris de la Bourse. Dans mon esprit rustique, j’imaginais encore que la Bourse était un lieu destiné à lever des capitaux pour des projets industriels ou commerciaux. A dire vrai, soyons honnêtes: depuis l’affaire de Jérôme Kerviel, et même auparavant, j’imaginais bien qu’il y avait autre chose. Enfin, je savais bien qu’on pouvait acheter des actions pour les revendre plus cher, même qu’on pouvait vendre aujourd’hui des actions qu’on ne possédait pas en espérant les acheter moins cher que le prix de vente avant le jour de la livraison, ce qui représente déjà une belle forme de perversité.

Mais je restais dans l’idée des actions et des obligations. Je savais bien qu’on pouvait spéculer en pariant sur le développement économique de la société dont ont était actionnaire. Bon. Mais il y avait un risque que je qualifierait presque de légitime.

Mais voici qu’on m’explique un… Un quoi donc ? Ce n’est même pas un titre. Qu’est-ce ? Cela se nomme un « swap ». Ce mot, en anglais veut dire « troquer ». A vrai dire « un swap de taux d’intérêt est un échange de conditions de taux d’intérêt portant sur des montants de capitaux identiques« . J’ai regardé dans divers endroit. La définition est toujours la même. Bon. Mais, concrètement, on échange quoi ? Et là, tout mon bon sens ordinaire d’un type qui a quand même un bon Q.I. a disjoncté. Surtout qu’on m’explique, de surcroît, que ces variations de taux d’intérêts ne reposeraient pas sur des données réelles, mais sur des « avis » ou des « recommandations » de certains « spécialistes » ou « experts ». Là toute ma bonne volonté et toute mon envie de comprendre m’ont subitement quittés quand je me suis demandé à quoi cela pouvait bien servir ? Et mon interlocuteur de conclure son exposé auquel j’étais loin de tout comprendre (voir le mal que j’ai à en faire compte-rendu) en me disant qu’au bout du compte c’est une vraie loterie.

Quand je m’efforce de lire les Prolégomènes à toute métaphysique future qui aura le droit se présenter comme science, je pressens que cette étude m’apportera des éléments de compréhension de l’humanité. Quand j’approfondis la structure moléculaire de l’ADN et de l’ARN et la manière dont l’un et l’autre son liés dans la fabrication des protéines, je pressens aussi que je vais avancer dans la connaissance. Mais un échange de conditions de taux d’intérêt portant sur des montants de capitaux identiques ? J’ai bien peur que cela ne serve à rien d’autre qu’à dépouiller quelqu’un.

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Cette dérive, capitaliste et libérale probablement, inutile et pernicieuse certainement, ne doit son existence qu’à la tolérance des pouvoirs publics et du législateur qui y trouve son compte ou, plus probablement, n’y comprend rien comme moi. Pendant ce temps, certaines personnes ou certaines banques gagnent beaucoup d’argent pendant que d’autres en perdent autant sans qu’à aucun moment, cela ait contribué d’une quelconque façon, à l’amélioration des conditions de vie de la grande masse des citoyens du Monde.

Il est donc indispensable et salubre de mettre fin par la loi à ces pratiques inutiles et stériles.

Notes d’économie politique 21 – 15 mai 2008

Bakounine