Il y a un certain nombre d’années, un ouvrage de François de Closets, intitulé « Toujours Plus« , avait provoqué un certaine émotion : il s’en prenait notamment aux syndicats et à leur clientèle habituelle, les fonctionnaires, par exemple, qui ne cessaient de vouloir s’attribuer des avantages, toujours plus nombreux et plus importants. D’autres prétendus parasites faisaient l’objet de ces mêmes analyses critiques, en fait, tout ce qui touchait, de près ou de loin, aux services publics: transports, radio-télévision, etc.
Aujourd’hui, « Toujours Plus » se rapporte au système bancaire et boursier international. Ces organismes avides n’ont de cesse de toujours vouloir engranger de plus en plus d’argent, leurs actionnaires de toujours vouloir des dividendes plus élevés, leurs dirigeants de toujours vouloir des rémunérations de plus en plus élevées. Hier encore, un « trader » pouvait jouer avec des instruments financiers auxquels 99% des citoyens ne comprennent rien et générer des profits sans cause simplement parce qu’on peut acheter quelque chose d’immatériel d’un côté du monde et le revendre plus cher deux heurs plus tard de l’autre côté. Et de s’acharner à acheter et vendre sans cesse des certificats financiers pour générer des bénéfices avec des commissions que se partagent, au passage, une palanquée d’intermédiaires et de courtiers dont le seul service est de recopier des ordres pendant que les traders sont déjà occupés à autre chose. Que de gens occupés, sur toutes les places financière du monde entier à acheter et vendre et revendre et acheter encore juste pour spéculer sans apporter la moindre plus-value aux peuples du monde !
Espérant encore gagner beaucoup et davantage et plus encore, les banques américaines ont prêté à tour de bras de l’argent à des emprunteurs dont la solvabilité était très improbable. Puis elles ont revendu le risque à d’autres banques qui ont acheté sans vraiment réfléchir tant l’appât du gain était puissant, alors qu’elles auraient pu investir dans des activités plus utiles: recherche et developpement, construction d’habitations pour les plus démunis, que sais-je encore, sans forcément prendre plus de risques ! Mais il faut croire que c’est tellement plus amusant de jouer dans cette loterie.
C’est comme l’affaire dite de la Société Générale. Un guignol gonflé de son importance qu’on a laissé enfler au point de se croire invincible parce que ses premières armes avait été bien profitables. Des supérieurs du guignol qui le laissent prendre des risques immodérés et irréguliers en regard de la latitude qu’on lui avait donné. Des supérieurs, donc, qui ne disent rien tant que le guignol fait du gras et du très gras. Puis vient le moment où le guignol, comme la grenouille de la fable, explose pour avoir pété trop haut.
Alors les banquiers se retrouvent dans une grosse merde et, après avoir, malgré tout, bien servi leurs actionnaires en dividendes, se mettent à tendre la main. La morale aurait voulu que les actionnaires se servent la ceinture. Voire qu’ils remettent la main au portefeuille.
Note >> Quand la société mutuelle d’assurance dont je suis sociétaire se trouve devant une situation financière grave, elle demande à ses membres d’apporter une contribution. <<
Mais là, non. Les actionnaires touchent leurs dividendes et peuvent se désintéresser totalement des comptes de la société. Alors les banques se tournent vers les autres banques pour qu’elles prêtent. Mais les autres banques sont elles aussi dans la merde. Où alors, elles ne sont pas folles au point de prêter à des confrères dont la solvabilité est incertaine.
Le phénomène dépasse le cercle des banques. Pour arrondir leurs fins de mois ou pour combler leurs actionnaires, les entreprises ont été tentées de faire fructifier leur trésorerie sur le marché des outils financiers. Certaines, d’ailleurs, en raison de la cherté de leurs coûts de production, ne doivent leur santé, toute relative, qu’à ces manipulations. Elles ont été d’autant plus tentées que leurs banquiers se sont faits forts de leur présenter de mirobolants placements tels que les « swaps » qui, au final, se révèlent une formidable loterie (un « poker » dit une personne informée de ma connaissance) qui ne repose sur aucun des critères usuels du marché puisqu’il ne s’agit que « d’échanges de flux d’intérêts » !
Voici donc comment on pose les bases d’incidents monétaires majeurs. Et puis, simultanément, le prix du pétrole et de l’or montent quasi-mécaniquement, avec un coup de pouce spéculatif pour faire bonne mesure. Les sociétés pétrolières sont ravies. Elle vont faire du gras et les actionnaires seront bien joufflu. Mais elles vont aussi trouver, comme lors de la dernère « crise pétrolière » des fonds pour prospecter là où c’est difficile et onéreux.
Et puis, à 150 $ le barril, on pourra exploiter le pétrole dans les sables bitumineux ou dans les chiottes au lieu de dépenser tout cet argent pour investir vers des énergies moins productrices de CO2.
En même temps, les Etats Unis, gouvernés par un égoïste crétin, laissent filer la valeur du dollar pour favoriser leurs exportations, ce qui finit par produire une dévaluation de facto, et sévère. Alors cela devient une « crise« . C’est une crise qui montre bien le ridicule des manières capitalistes, car subitement, comme il n’y a plus d’argent pour acheter, ce qui valait hier 100 $ n’en vaut plus qu’un. La valeur des choses est élastique. L’argent se fait rare. Où est-il donc passé ? Ou est-ce à dire que tout cet argent qui circulait avant n’était que fausse monnaie ? Car si l’argent disponible est rare, c’est que les bas de laine sont remplis. Et pourtant les bas de laine sont vides. Voilà que je peux acheter une banque en faillite pour une poignée de dollars. Et on me dit que c’est bien moins que ce qu’elle vaut en réalité. C’est dire tout le côté bidon de tous ces mic-macs monétaires. Contrairement à ce que l’on croît, il semblerait que la maxime « rien ne se perd, rien ne se crée » n’est pas de Lavoisier mais d’Anaxagore de Clazomènes, mais de toute façon, elle ne se rapporte pas à la masse monétaire.
Alors les banques se tournent vers la puissance publiques selon le bon principe de la privatisation des profits et de la nationalisation des pertes.
Si les banques centrales s’y collent, alors ce sera l’argent des petits, des travailleurs, des salariés, des employés, de tous ces pauvres qui en demandent « Toujours Plus » et payent l’iompôt sur le revenu, la taxe foncière, la taxe d’habitation, la T.V.A, et la taxe sur les produits pétroliers, sans compter les taxes sur les cartes grises, les passeports et tutti quanti. Aujourd’hui la FED semble ne se laisser aller que sur les taux d’intérêts. Mais la France avait déjà montré l’exemple du communisto-libéralisme en pillant 130 milliards dans le Trésor Public pour renflouer le Crédit Lyonnais. Ce qui fait 26 unités-Bouton , selon la nouvelle échelle « métrique » proposée cette semaine par le Canard Enchaîné en références aux pertes récentes de la Société Générale.
Il ne fait aucun doute, qu’à un certain moment, l’argent public va « dépanner » ces messieurs et dames. On aurait pu penser que lorsque le Trésor a épongé les dettes du Crédit Lyonnais, on aurait, en compensation, vidé les poches des gras responsables et qu’on aurait nationalisé ladite banque pour qu’au moins, le Trésor touche les dividendes de sa mise.
En réalité, le libéralisme est une méthode de gestion qui permet la nationalisation instantanée et immédiatement réversible quand les pertes son abyssales.
Je n’ai pas besoin de dresser le tableau des conséquences de la cette crise. Des millions de personnes qui n’en sont absolument pas responsables en seront directement ou indirectement les victimes ( dépôts de bilan, délocalisations, licenciements, chômage,…) alors que ce sont ceux-là même qui, avec leur pauvre épargne et toutes les taxes payées, auront financé le sauvetage de tous ces riches soit-disant responsables.
Le capitalisme et le libéralisme sont coupables.
Condamnons-les !
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