Steve Jobs, le patron d’Apple, devrait quand même bien le savoir. Son entreprise a beaucoup souffert de l’hégémonie de Microsoft sur le marché des ordinateurs personnels. Et si la part de marché d’Apple se trouve aux alentours de 2 ou 3%, c’est bien, pour une part, à cause de la position dominante de l’entreprise de Bill Gates. Pour une part seulement, car c’est aussi parce que Steve Jobs n’a pas voulu permettre à d’autres constructeurs d’offrir des machines équipées du système d’exploitation MacOs que son développement fut aussi étriqué. Dans le même temps, Bill Gates vendait à tour de bras des licences MsDos à qui voulait les acquérir.
La position d’Apple vis à vis de la musique légalement chargée en ligne est comparable. Si vous achetez un morceau de musique chez ce fournisseurs, c’est croix et bannière pour pouvoir l’écouter ailleurs que sur un Mac ou un iPod. En réalité, ce qui sauve Apple par les temps qui courent, c’est un design un peu frime (tant pour les ordinateurs que pour l’iPod) avec une armée de groupies prête à acheter n’importe quoi à n’importe quel prix pourvu que cela porte l’estampille Apple. On peut naturellement dire que, s’il y a des gens assez couillons pour se faire ainsi gruger, c’est tant pis pour eux. L’argument devient faible lorsque vous tentez d’expliquer à votre fille de 13 ans que le lecteur MP3 Samsung à 100 euros que vous voulez lui offrir est aussi bien que l’iPod au double ou au triple qui équipe toute ses copines !
Apple recommence avec l’iPhone. Déjà l’objet haut de gamme d’abord vendu 599 dollars, rétrograde, quelques semaines plus tard, à 399. Tant pis pour les gogos qui se sont précipités pour être parmi les premiers acheteurs ! On veut bien. Mais il se trouve quand même que ce sont, malgré tout, ces pauvres d’esprit qui ont créé l’évènement publicitaire en faisant la queue toute la nuit pour être l’un des tous premiers acheteurs à l’ouverture. Le moins qu’on puisse dire est qu’Apple n’a pas la reconnaissance du ventre en faisant baisser un peu plus tard, la cote de leur mirifique objet, de près de 50%.
Mais pis encore, la divine machine ne permettait de téléphoner que si l’on souscrivait auprès de la compagnie de téléphone ATT. Une fois de plus la libre concurrence, la divine loi du marché devant laquelle se prosternent les thuriféraires du capitalisme sauvage, était foulée aux pieds, pour le plus grand bonheur de l’escarcelle de monsieur Jobs. Heureusement, les pirates et autres « hackers » du monde se sont mis dans l’idée de casser cette contrainte logicielle et naturellement, ils ont réussi. Un norvégien, Jon Lech Johansen, y parvint. Et s’il fut probablement le premier, il ne fut pas le seul.
Du coup, la petite magouille entre Apple et ATT se barrait en couille.
Alors, plutôt que de dépenser son argent pour le bien-être de l’humanité, Apple réagissait en développant un nouveau logiciel, lequel vient d’être présente comme résistant aux hackers et autres pirates anarchisants qui prennent plaisir à empêcher de s’enrichir en rond. Sans doute ce nouveau logiciel imputrescible va-t-il résister dans les prochaines minutes.
Après avoir raconté cette histoire, on est tenté, comme La Fontaine, d’en écrire la morale. On est quand même un peu pris de nausée quand on s’apprète à écrire que dans le monde du libéralisme économique, la morale c’est de n’en point avoir.
Tant pis pour les faibles d’esprit, les gogos, les mini habentes (pluriel de minus habens comme chacun le sait), les adolescents, les pauvres surendettés, toute cette armée de créatures qui constituent l’humanité.
Notes d’économie politique 9 – 3 octobre 2007
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