Sarkozy, les fonctionnaires ou la démagogie érigée en système de communication

Sarkozy, les fonctionnaires ou la démagogie érigée en système de communication

 

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Que sait Sarkozy de la réalité des fonctionnaires ? Que sait-il de la réalité du travail des serviteurs de l’état ? Sait-il pourquoi cette apparence d’improductivité ?

Depuis des années, la fonction publique a beaucoup changé. Le temps des « ronds de cuir » et des faiseurs de cocottes en papier est bien loin. Est-ce à dire que tous les fonctionnaires sont des forçats du travail ? Non. Mais ceci ne veut point dire que tous sont payés à ne rien faire. Depuis des années, le sens du service public a fait son chemin. Et ne nous y trompons pas: le vecteur essentiel fut l’exemple donné par les chefs, eux-mêmes suivant l’exemple des grands chefs et des hauts fonctionnaires. Et sur ce plan, on peut bien certainement convenir que tous les exemples ne sont pas excellents

Je dois dire que je ne connais que très peu de fonctionnaires paresseux ou n’ayant pas le sens de leur mission. Probablement guère plus que dans une très grande entreprise.

Mais, ce qu’il faut surtout affirmer, c’est qu’il y a toutes sortes de catégories de fonctionnaires. Et puis, il y a plusieurs fonctions publiques selon la structure d’apartenance: l’état, les régions, les départements, les communes, les structures inter-communales. Et, d’un autre côté, peut-on considérer de la même façon le personnel soignant ou de service hospitalier, les instituteurs du monde rural, les professeurs de collège des communes de banlieue, les agents de la D.D.E. qui entretiennent les routes et conduisent des chasse-neige, les contrôleurs de la navigation aérienne, les agents de la recherche géologique et minière, les inspecteurs du travail, les inspecteurs vétérinaires, les agents de contrôle de la concurrence et de la consommation, les policiers de la police urbaine, les gendarmes du peloton de haute montagne, les cuisiniers des cantines scolaires, les gardes forestiers, les agents des haras nationaux, les gardiens de musée, les architectes des bâtiments de France, les pilotes de Canadair ? La liste exhaustive serait longue, très longue. La fonction publique c’est des dizaines, peut-être des centaines de métiers très différents.

Cette diversité des métiers impose, pour commencer, un minimum de réflexion et d’analyse dans une approche de recherche d’éventuels gains de productivité: va-t-on ne pas remplacer un instituteur sur deux, un pompier sur deux, une infirmère sur deux, un gendarme sur deux ? Va-t-on diminuer les effectifs de la police de la route ? Des juges ? Des gardiens de prison ?

Et puis, il y a les directives. Qui viennent de haut. Voire de très haut, comme de ceux qui votent des lois, voire des lois contradictoires que les fonctionnaires sont chargés de mettre en oeuvre. Les législations, les réglementations, sont si abondantes que rares sont ceux qui les connaissent intégralement dans leur propre domaine de compétence. Il n’est alors pas étonnant que les agents qui sont au bout de la chaîne et reçoivent des instructions incomplètes ou trop complexes ou inapplicables soient un peu voire très démotivés.

Il existe des recueils entiers de ces incohérences étatiques (il suffit, par exemple, de lire semaine après semaine, Le Canard Enchaîné) dont les fonctionnaires qui les mettent en oeuvre ne sont nullement responsables. Qui est alors responsable ? Pour une part le législateur, pour une part les gouvernements, pour une part les anciens élèves de l’E.N.A.. Mais pas le fonctionnaire de base que j’on rencontre au guichet !

Tout ceci pour conclure qu’il est vain et absurde de parler des fonctionnaires comme s’il s’agissait d’une catégorie unique et uniforme.

Toute analyse globale et sommaire comme vient de la faire ce jeudi 19 septembre 2007, le Président de la République n’est donc que l’expression d’une formidable ignorance et d’une superbe démagogie.

Bakounine