Le Pen ou Sarkozy, ou quand le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit

Le Pen ou Sarkozy, ou quand le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit

lepensouriant.1175733789.jpgLe lis l’interview de Jean-Marie Le Pen dans Le Monde. Il s’exprime toujours avec son aisance coutumière, malgré l’âge avançant. La politique provo conserve. C’est presque amusant. Il n’ y a pas de surprises. C’est tranquille. On à l’habitude. Le Pen, voilà bien longtemps qu’on le connaît. Parfois ce qu’il raconte est tellement prévisible qu’on pourrait presque lever sa garde. Sans compter que sur deux ou trois sujets, ses analyses ne sont pas dépourvues de vérité.
Jusqu’à quel point jouit-il de la pièce qu’il se joue et qu’il nous joue depuis tant d’années et que tous ceux qui ont voulu lui succéder n’ont pas réussi à interpréter de façon convaincante ? Comme il n’a guère varié, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il doit y avoir un bon fond de sincérité dans ce qu’il raconte. En tout cas, il ne sort pas de sa manche une ou deux idées de gauche pour ramasser plus large. Le Pen, c’est Le Pen ! Il s’est même un peu policé. Sans doute est-ce de circonstance. Et soyons honnêtes: la probabilité de le voir un jour à l’Elysée est extrêmement voisine de zéro. Alors, le danger est en proportion.
Et puis, il a rendu un grand service à la gauche en 2001. Il a permis à une gauche déroutée de s’offir le sacrifice expiatoire de voter pour Chirac après une manif cathartique mémorable. Et pourtant le risque de voir Le Pen l’emporter était totalement et platement nul. Et tous sont allés comme des moutons voter pour un Chirac qui, après s’être empressé de dire qu’il serait le Président de tous les français, s’est immédiatement occupé de ne pas tenir ses promesses.
Voici donc: Le Pen, on commence à bien le connaître. Pour le coup, l’effet d’épouvantail diminue.

 

nicolas-col-roule.1176318400.jpgMais il y a l’autre. Le petit Sarkozy, auteur, si l’on en croit ses biographes, d’un bon petit lot de trahisons. On ne cesse de le voir aller et venir, dans cette campagne électorale. Il me fait penser à Mac Enroe quand il courait dans tous les sens pour rattraper les balles de ses adversaires.
Pourtant, son palmarès de la trahison devrait déjà commencer à inquiéter. Peut-on faire confiance à un type qui trahit ses amis « politiques » pour parvenir à occuper une fonction ? Il est vrai qu’à droite comme à gauche, l’ami politique est souvent synonyme de concurrent dans la course au pouvoir.
A-t-il un programme ? Rien n’est vraiment certain.
Même s’il y a des propositions un peu nazes dans celui de Ségolène, on sait bien d’où elle vient et qui l’a choisie. Si elle est élue, elle ne va pas nous faire la politique qu’aurait voulue Arlette. C’est bien sûr. Elle dit parfois des trucs que ne renierait pas l’extrème gauche, mais il est à craindre qu’au moment du passage à l’acte, elle se freine un peu. Elle est ingénue. Beaucoup disent que cela est un défaut Pour moi c’est une qualité. Une personne qui dit des ingénuités pareilles ne peut pas être vraiment calculateur. Et puis elle ne s’était pas formattée pour tenter l’aventure de la Présidence. C’est venu comme cela. Un peu par hasard, on pourrait dire presque par acclamations. Elle n’a pas construit le Parti Socialiste comme son outil personnel. Ce sont les militants de ce parti qui l’ont générée, à contre coeur de certains éléphants.

 

Sarkozy, lui, s’est formatté. Il a construit un parti à sa mesure dont la seule finalité est de le conduite à l’Elysée. Son parti ne le contrôle pas. C’est lui qui contrôle son parti. A vrai dire, son parti est un conglomérat de carpettes qui cherchent à obtenir une parcelle de pouvoir en provenance du cheval sur lequel ils ont parié. On comprend que le béarnais Bayrou, qui vient de prendre conscience, quoique un peu tard, qu’on peut prendre du plaisir à être un peu soi-même, n’ait pas une envie forcenée de s’incliner devant le leader autoproclamé de l’UMP.
Et Sarkozy n’a pas de véritable programme. Son programme c’est d’être élu. Point final. Alors, il glane ici ou là des idées populaires et populistes dont la moindre est la remise en cause de la fonction publique et de ses fainéants fonctionnaires. Il prône cette sottise qui a de plus en plus cours de la concurrence farouche et totale entre les hommes comme si l’intelligence humaine n’était pas capable de produire de modèle plus humaniste («  » C’est la vie, la concurrence. Je vais même vous dire mieux, moi, j’ai la concurrence dans les veines. « ). Évidemment, il ne connaît que ça. Il a passé sa vie dans une guerre sans merci qui a consisté à dégommer tous ses adversaires par n’importe quel moyen.
Mais, au pire, ce discours-là, on le connaît. On y est préparé.
Mais il y a l’autre. Celui qu’il ne dit pas. Ou du moins pas tout haut ou pas publiquement. Mais parfois ça lui échappe.
« Imaginez qu’un cameraman ait filmé ce qui s’est passé dans les locaux de France 3 le 18 mars à 19h30, peu avant le début de France Europe Express, l’émission animée par Christine Ockrent, dont l’invité est le candidat de l’UMP. Imaginez qu’en un geste inouï de courage et de déontologie journalistique et citoyenne, la rédaction de cette chaîne aie décidé de programmer ce reportage brut de décoffrage juste après l’émission. Voilà ce que vous auriez vu en « off » : Nicolas Sarkozy entre dans le hall d’accueil au pas de charge, hyper speedé, l’air renfrogné, entouré d’un tas de gorilles qui le dépassent de deux têtes, de sa cour de conseillers toute en courbettes et de sa maquilleuse attitrée. Il est accueilli par des journalistes qui l’accompagnent jusqu’à la loge de maquillage, dont les fauteuils sont déjà tous occupés par les autres invités de l’émission (Laurence Parisot, présidente du Medef, Martin Hirsch, président d’Emmaüs France et Julie Coudry, présidente de la Confédération étudiante) en pleine séance de poudrage antisueur. On lui demande donc de patienter. Patienter, lui ? Pas question. Il pique aussitôt une de ses colères coutumières et hurle : « Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite ». Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquent qu’il doit attendre son tour vu qu’il n’y a pas d’autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d’un Sarkozy déchaîné : « Mais enfin, il n’y a personne pour m’accueillir. La direction n’est pas là? Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qu’ils font ? Qui suis-je pour être traité ainsi ? » »
(http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21133)
Peut-on faire confiance à un type comme ça, à l’ego hypertophié à ce point ?
Et puis il y a les petits mots qui lui échappent. « Racaille » et « Karcher » ont déjà fait leurs ravages. Et il y a tous ces mots qui lui échappent, toutes ces petites choses qu’il ne parvient pas à vraiment contenir et que des témoins rapportent ici ou là sur le net ou qu’on trouve dans les colonnes du Canard Enchaîné.

Non décidémment, je crois bien que Sarkozy est plus dangereux que Le Pen.

 

Bakounine