Maisons de Santé et autres machins : Pan sur le contribuable

Maisons de Santé et autres machins : Pan sur le contribuable

J’entends ceux qui nous gouvernent pérorer sur les déserts médicaux.
Tout commence par un numerus clausus : tous ces bons médecins installés tranquillement ne souhaitent pas qu’il y ait trop de jeunes formés qui vont venir faire concurrence. Au bout d’un moment, et compte tenu du vieillissement de la population, ça merde. Alors délire, on va chercher des médecins roumains ou serbo-croates vacataires qu’on paye, dit-on, fort cher, dépenses qui contribuent aux difficultés financières des hôpitaux.
Le numerus clausus, est une sélection sauvage sur des critères exclusivement « scientifiques » qui témoignent plus d’un savoir apprendre et restituer que des diverses qualités, y compris scientifiques, évidemment, mais bien d’autres, qui seront nécessaires chez un bon médecin.
La formation des médecins est gratuite nonobstant les services qu’ils rendent, gratuitement ou quasi-gratuitement, au cours de la formation à l’hôpital. Nombreux sont ceux qui souhaitent s’orienter vers des spécialités bien rémunératrices tant la médecine générale est traitée comme de la merde de loup. Comme si la médecine générale n’était pas une spécialité.
Au fil du temps, s’est installé l’ immense boxon comprenant la notion de « médecin de famille » (remplacée par la notion de médecin traitant), l’Ordre des Médecins, les consultations « privées », la liberté de prescription, la Sécurité Sociale, le « parcours de soins », les « Mutuelles » qui n’en sont pas toujours, les syndicats de médecins, les ministres de la Santé, la Couverture Maladie Universelle, l’Aide Médicale d’Etat, le prix des consultations en honoraires libres, en secteur 1 ou secteur 2, les soins inutiles et abusifs, les abus et les fraudes, etc… On peut ajouter encore l’impérialisme de certains médecins pour qui les patients sont des choses et le système à leurs pieds, la disparition des médecins de garde. Mais il y a aussi les abus des patients hypocondres, l’exigence des « Certificats Médicaux », la paranoïa de la Sécurité Sociales et les arrêts de travail de complaisance (comment 200 flics peuvent-ils se trouver en arrêt maladie le même jour de manif, et tutti quanti.
Soit tout un système incapable de s’autoréguler, quoiqu’il en dise. Les dépenses de gestion générées par tout ce fatras n’ont jamais été évaluées, mais il ne serait pas étonnant qu’elles soient significatives. Naturellement, tout cela coûte fort cher
Et voici que les politiques découvrent (ou font semblant de découvrir) alors que les Urgences sont engorgées par des pathologies qui ne le sont pas parce que les médecins de ville n’assurent plus les urgences. Les politiques découvrent (ou font semblant de découvrir) que les « déserts médicaux » prévisibles depuis la Saint Glinglin, que les médecins n’ont plus envie de travailler 50 heures par semaines. Les politiques découvrent (ou font semblant de découvrir) que le « Système de santé » (le fatras décrit ci-dessus), l’un des « meilleurs du monde » s’enorgueillissent-ils, est donc un immense bordel.
On pourrait donc passer un peu de temps pour en analyser les causes, évidemment, mais l’énumération ci-dessus est déjà fort éloquente. Alors, ils viennent de découvrir que les pharmaciens (ah, les gras pharmaciens !) peuvent procéder aux vaccinations. Et puis surtout, ils viennent de découvrir les « Maisons de Santé ». Pour tout dire la chose n’est point neuve. On fait une petite clinique avec des généralistes qui ne sont plus seuls, voire des spécialistes, et même un centre de radiologie avec aussi, des kinés, des ostéo, des infirmiers(ères). La chose existe déjà depuis longtemps dans les stations de sports d’hiver pour pouvoir faire face à l’affluence des entorses et des fractures. Il y en a déjà plus de 1000. Il faut donc continuer. Oui, mais on va continuer doucement. Ce serait fâcheux si l’on fâchait les gentils médecins ! On va les caresser dans le sens du poil ! Raisonnablement, il est vrai : comment inciter les médecins à venir s’installer dans des endroits aussi excitants que Saint sauveur de Peyre ou Belàbre, parfois reculés plus encore où il n’y a plus d’école pour leurs enfants. D’où l’idée d’un regroupement au Blanc ou à Brioude, par exemple (il y a justement cinq médecins à Brioude et l’on peut prendre rendez-vous par Internet).
Ces établissements sont, pour l’essentiel, financés par des fonds publics tant pour la construction et le fonctionnement que par des primes d’appétence diversement délivrées par les communes ou les départements pour inciter les médecins à venir s’installer.
C’est donc le contribuable qui finance alors qu’une gestion ordonnée aurait pu l’éviter, au moins en partie. Les Normaliens signent un engagement décennal avec l’état. Pourquoi une telle mesure ne serait-elle pas appliquée, déduction faite des services rendus à l’hôpital, par les médecins (voire d’autres professions) ?
Enfin (ou pas enfin car le sujet est vaste), les politiques découvrent (ou font semblant de découvrir) que certains gestes pourraient être effectués par les infirmiers(ères) !!! Il est vrai que, pour certains responsables hospitaliers, de moins en moins nombreux, heureusement, les infirmiers(ères) sont des gens inférieurs, alors qu’ils rendent de grands services dans les soins. Ils oublient que leurs ancêtres, blessés de guerre, doivent leur survie à d’excellentes infirmières…
En passant, disons que redécouvrir les compétences des infirmiers(ères) devrait s’accompagner d’une véritable élévation de leurs rémunérations.
En tout cas, tout ce que proposent nos ministres qui n’ont vraiment pas trouvé grand-chose, n’est pas très musclé. Mais la Macronie est… libérale et la médecine est… libérale.
Pendant ce temps-là, le fatras perdure.
1270 – 16/10/2017

Bakounine