Archive dans 15 janvier 2012

La bizarre SCOP SeaFrance

Au début, l’initiative est apparue intéressante. Que les salariés de SeaFrance montent une SCOP pour reprendre l’activité et éviter repreneur, licenciements, etc., paraissait une excellente formule. Qu’ils aient sollicité l’aide de collectivités locales n’était pas scandaleux. Il n’est pas obligatoire que les associés d’une SCOP détiennent 100% du capital, mais seulement 51% et 65% des droits de vote.
C’est souvent de cette façon que naissent les SCOP : les salariés d’une entreprise en difficulté investissent leurs indemnités de licenciement pour acquérir leur outil de travail. Souvent, on observe une amélioration de la productivité. Ajoutons à cela que l’entreprise n’a pas de dividendes à verser nécessairement à des actionnaires (les salariés associés pouvant se contenter d’un dividende faible, voire nul en cas de difficultés). C’est ainsi que les SCOP vivent.
Mais là où les choses sont devenues bizarres pour SeaFrance, c’est lorsque les salariés ont refusé d’investir leurs indemnités de licenciement dans la SCOP, alors même que la SNCF était disposée à verser des indemnités supra légales pour le permettre.
Dans ces conditions, on se demande si les salariés de SeaFrance avaient vraiment foi en leur projet.

Notes d’économie politique N° 69 – 15 janvier 2012

Sarkozy ou le pouvoir personnel

« Non au pouvoir personnel ! » avons-nous crié dans les années de la fin du régime gaulliste. Nous avions le sentiment, assez largement justifié, que toutes les décisions descendaient de l’Elysée. Les députés votaient tout ce qu’on leur demandait de voter. Les institutions étaient à la botte, notamment la justice. Quant à la police, elle était tout aussi servile.
Sarkozy n’est pas gaulliste, mais il pratique le pouvoir personnel. Il décide de tout, encore plus que ce que faisait de Gaulle que certains sujets ennuyaient profondément. Les ministres sont aux ordres, y compris le premier d’entre eux, capables de dire aujourd’hui le contraire de ce qu’ils ont dit hier pour peu que le Président ait dit autrement. Ils ne ratent, d’ailleurs, pas une occasion d’encenser leur chef réputé capable de conduire avec discernement la seule politique envisageable. Naturellement l’Assemblée Nationale vote ce qu’on lui demande de voter. Quant à la justice, elle est largement servile à travers des hommes nommés par le pouvoir. Et quant à la police, c’est pire.
Même si la politique intérieure n’était rien moins que l’expression de la volonté d’un ordre moral et social réactionnaire, le Général de Gaulle était mu par « une certaine idée de la France ». A sa différence, Sarkozy n’est pas motivé par quelque idée que ce soit, tant il a montré qu’il pouvait changer de façon pusillanime selon les situations. Sarkozy est mû et seulement mû par le goût de l’argent et du pouvoir. Il l’a montré au Fouquet’s, un lieu où de Gaulle n’a jamais mis les pieds.
S’il est réélu, plus rien ne le retiendra. Avec un gouvernement aux ordres, avec un corps législatif aux pieds dans l’attente de recevoir quelques prébendes, avec un pouvoir judiciaire contrôlé, avec une police qui se croira davantage encore tout permis, y compris le droit de falsifier les enquêtes et de contourner la loi, ce sera, pire qu’avant, le pouvoir personnel. Cette situation, quand le chef n’a plus de contre pouvoir, porte un nom : la dictature.

Présidentielle : où sont les programmes ? Et le Q.I. des candidats ?

Un programme, c’est un ensemble d’objectifs et d’intentions. Comme il s’agit d’élection présidentielle, il ne s’agit pas de petits objectifs de coin de table du café du commerce. Il s’agit de thèmes qui vont être développés sous la forme de méthodes ou de moyens.
Prenons un exemple : améliorer la justice sociale.
Cela ne se décline pas dans un ensemble de mesurettes façon « je vais supprimer le quotient familial ». Cela se décline d’abord selon divers secteurs de l’activité politique. Par exemple :
– Développer le logement social.
– Améliorer les salaires et l’emploi.
– Faire une réforme de l’impôt.
A son tour, chacun des thèmes se décline :
Pour développer le logement social, il y a plusieurs méthodes imaginables : augmenter le 1%, créer des réserves foncières permettant aux organismes d’acquérir des terrains à des prix modéré, bonifier des prêts, forcer les communes au respect de la loi qui impose un certain nombre le logements sociaux, etc, etc.
Pour améliorer les salaires, on peut prendre diverses mesures : imposer que les sommes destinées aux dividendes ne soient pas supérieures aux sommes destinées à la revalorisation des salaires, maîtriser l’échelle des rémunérations pour que l’écart entre le plus faible et le plus élevé ne soit pas supérieur à un certain taux, etc, etc.
Pour améliorer l’emploi, en plus des mesures habituelles et parfois peu efficaces, on peut encourager et facilité la création de sociétés coopératives dans lesquelles les salariés sont propriétaires de leur outil de travail et n’ont donc pas d’actionnaire à rémunérer, ce qui donne un peu d’aisance en période difficile.
Etc, etc.
Ce billet n’a pas vocation à écrire un programme à la place des candidats. Il a vocation à montrer qu’il y a des lignes générales qui se déclinent. Faire une réforme fiscale, par exemple, demande une analyse précise des objectifs et de leurs déclinaisons, puis de leurs opérationnalisations. Ce n’est pas un petit coup de TVA sociale ou de quotient familial. C’est autre chose.
Les déclarations actuelles des candidats principaux se présentent comme une concaténation de minces mesures. La concaténation ne fait pas un projet structuré.
Où alors, pourrait-on faire l’hypothèse que les Q.I. des candidats ne leur permettent pas de mieux faire.
C’est peut-être le cas.

A propos des Nymphéas. La réponse de l’Orangerie

J’ai dit beaucoup de mal de la présentation des Nymphéas dans deux billets récents:
Le massacre des Nymphéas à l’Orangerie et Orangerie: Brochet, Lajus, Puyeo ou l’aménagement nul.

Voici la réponse de Françoise Chatillon, Chef du département de la programmation culturelle et des publics
« Nous avons lu avec attention vos remarques sur les salles des Nymphéas et nous permettons d’y donner une réponse par quelques explications ou informations.
Les salles qui vous ont semblé sombres voire ternes, vont être soumises à un nettoyage complet : le velum de chaque salle sera changé ce qui permettra aux peintures de retrouver une luminosité actuellement réduite et une lumière tamisée comme elle se doit pour la protection des oeuvres ; les murs dans un second temps seront repeints et enfin la moquette changée.
Ces opérations demandent un soin et une attention exceptionnelle assurée par des techniciens spécialistes des musées et ne peuvent donc être entreprises sans la mise en place d’un dispositif particulier. Ces travaux sont programmés début 2012 mais comme vous pouvez l’imaginer prendront un certain temps en raison de toutes les précautions à prendre.
Par ailleurs, les murs seront repeints dans ce même ton de blanc cassé selon les voeux respectés de Claude Monet qui avait décidé lui-même l’aménagement des espaces.
J’espère que ces quelques informations vous donneront envie de revoir les Nymphéas et de les apprécier à leur juste valeur comme c’est le cas de la grande majorité de nos visiteurs à en croire les nombreuses remarques enthousiastes sur le livre des publics ».

Il faut nationaliser la filière nucléaire tout en créant une feuille de route

Je ne suis pas du tout un spécialiste du nucléaire, pour ma part je fais une distinction entre la technologie et la manière dont on l’utilise. Au sein de la technologie en elle-même, je fais la distinction entre les différentes générations de centrales.
De mon point de vue l’énergie nucléaire oblige à prendre en compte 5 axes de contraintes principaux. La fourniture du combustible, son exploitation, son retraitement et stockage, son démantèlement et en chapeau le contrôle de la filière.
Je comprends donc parfaitement les points de vue qui parlent de lobbying nucléaire et de marketing pour favoriser cette industrie dans la vente de technologie non éprouvée sans le volet de contrôle. Mais je distingue aussi les ingénieurs nucléaires de valeur qui donnent la préférence à des technologies plus anciennes et mieux maîtrisées en argumentant sur la sureté avant le prix de production.
L’énergie nucléaire produite par l’industrie n’est pas assez chère pour qu’elle soit sure. Pire, l’industrie nucléaire dégage des marges aux profils d’entreprises privées au détriment de la sûreté, du stockage et du démantèlement. De mon point de vue, ce n’est pas tant la technologie qui est en cause que le modèle économique à tendance libéral alors qu’il devrait être fondé sur la notion de bien public.
Cela dit, si l’on sort de ce modèle pervers, immoral et vicieux pour replacer l’énergie nucléaire dans un modèle de sûreté acceptable avec des dispositifs de gestion des sinistres préétablis pour en maîtriser les conséquences, nous disposerons d’une énergie plus chère mais capable de faire la transition vers d’autres énergies.
En conclusion, je pense qu’il ne faut pas laisser l’énergie nucléaire dans les mains de l’industrie actuelle. Pour ce qui concerne la France, il faut nationaliser la filière tout en créant une feuille de route pour l’agence nationale de sûreté nucléaire afin d’apporter un modèle de sûreté. Chiffrer ce modèle, l’impacter sur le prix du KWh et adapter nos arbitrages vis-à-vis de l’ensemble de la filière de production d’électricité. Cela me semble être une démarche vertueuse autant vis-à-vis des populations que du point de vue économique.

Envoyé par Gavroche, 28/12/2011
Notes d’économie politique 68 – 4 janvier 2012

On m’a coupé l’eau: Couper l’eau est une pratique inhumaine

Lorsque j’ai reproduit « Coupé d’eau pour une facture de 85 euros de retard » je ne pensais pas recevoir tant de doléances de victimes. Voici Sylvianne:

Bonjour,
Je connais les affres du manque d’eau dans tous les gestes de la vie. Comme quelqu’un le souligne ici, couper l’eau est une pratique inhumaine, indigne de notre société réputée civilisée.
L’eau qui circule sous nos pieds, l’eau du ciel, est un bien libre qui n’appartient à personne. Il n’est pas concevable que des sociétés puissent s’approprier un bienfait de la nature auquel tout le monde a droit.
Je suis bénéficiaire du RSA, en complément d’un petit salaire. Au début, j’avais obtenu un échéancier mais je n’ai pas pu l’honorer chaque mois. D’où la raison de cette coupure. Aujourd’hui, je ne suis toujours pas en mesure de payer, ou alors il faudrait vraiment que les échéances soient minimes.
Les marchands d’eau sont assoiffés de fric. Nos robinets sont des pompes à fric. Je suis croyante et je n’ai lu nulle part dans la bible que quelqu’un avait le droit de s’approprier l’eau pour la revendre et se permettre d’en supprimer la fourniture au cas où des gens en difficulté financière ne pourraient pas payer.
On peut parler du moyen-âge où les gens étaient saignés à blanc par les rois et les seigneurs de village, notre société ne vaut pas mieux aujourd’hui. Les taxes ont simplement changé de nom, mais elles ne sont pas moins nombreuses.
Je vous souhaite à tous une excellente année 2010 !
Sylvianne
2 janvier 2012

1053 – 31/01/2013