Boris Cyrulnik a déliré, hier au soir, sur France Info

Boris Cyrulnik a déliré, hier au soir, sur France Info

Avec, comme à l’accoutumée, Marie Odile Monchicourt, dans le rôle du thuriféraire niais, Boris Cyrulnik était invité, ce dimanche 21 août 2011 (une rediffusion, m’a-t-il semblé) à s’exprimer sur la question des mères porteuses et de l’avenir des enfants qu’elles mettent au monde.
Cette chronique peut être écoutée en cliquant sur ce lien.
Le sujet dont il était question est très intéressant. Savoir si le fait d’avoir été porté par une mère porteuse risque d’avoir une influence sur le développement psychologique et physiologique de l’enfant pose la question de l’effet, en général et pour tout enfant, des situations et stimulations in utero. Ce sujet est complexe. Il concerne de nombreuses disciplines. Disons que sujet est scientifiquement très controversé.
Ici, Cyrulnik affirme d’emblée que ces influences existent et que les enfants portés par une mère porteuse en subiront des conséquences dans leur petite enfance. Pour prendre un exemple parmi d’autres, il affirme que le fœtus utilise le goût et l’olfaction pour apprendre les caractéristiques du liquide amniotique. Mais il ne dit rien de la genèse intra-utérine des récepteurs concernés, des nerfs et des structures nerveuses qui pourrait suggérer des descriptions solides des mécanismes chimiques ou physiologiques. Comment imaginer, d’ailleurs, qu’un fœtus pourrait sentir avec un système olfactif prévu pour fonctionner en milieu aérien, alors qu’il se trouve en milieu aquatique ?
On entendra d’autres arguments tous de la même veine, présentés de manière générale, sans qu’il soit fait mention, sauf de manière presque subliminaire qu’il pourrait en être autrement, pour d’autres sujets issus de mères porteuses.
Si Boris Cyrulnik avait présenté ce texte à une revue scientifique disposant d’un Comité de Lecture (ce qui est le cas de toutes les revues sérieuses), son papier aurait été rejeté à l’instant, et bienheureux s’il n’avait pas été l’objet de quolibets généralisés. Car voilà, typiquement, la chronique dépourvue de toute rigueur. Il est vrai qu’il y a des expériences qui tendent à montrer des influences in utero. Il est vrai aussi que ces résultats sont partiels. Le vrai sujet est de décrire précisément quelles substances, quels stimuli, peuvent voyager de la mère à l’enfant, et par quelles voies, et à quels moments du développement. Puis d’examiner l’effet ultérieur. Toutes autant d’hypothèses qui se vérifient plus ou moins et peu à peu, au cours des recherches très compliquées à mettre en œuvre avec rigueur qui sont menées par les chercheurs.
Aujourd’hui, celui qui affirme que l’on dispose de certitudes est un menteur. Mais il est aussi rigoureux de dire qu’on dispose de quelques résultats qui vont dans le sens de ce qui n’est encore qu’une intéressante hypothèse de travail. Ce qui ne veut pas dire qu’on doit rester inerte. Il faut, bien évidemment, être très attentif au développement des enfants ainsi conçus.
De toute façon, il est prudent et légitime de s’exprimer au conditionnel.
Mais cette chronique pêche de façon plus grave encore. On sent bien que Cyrulnik est hostile aux mères porteuses. Il le laisse entendre en quelques mots, comme « louer son vagin » ou « louer son utérus ». Dès lors, il ne s’agit plus d’une chronique scientifique, mais d’une chronique militante. Madame Monchicourt, sans doute éblouie par aura de l’intervenant, n’a pas jugé bon de la rejeter. Elle a eu tort.

Bakounine