Préambule :
Un certain nombre de personnes ou de sites présentent, sous le nom de far breton, une espèce de clafoutis vaseux qui n’a rien à voir avec l’authenticité. La recette que je dévoile, ci-dessous, m’a été transmise par ma grand-mère qui la tenait, elle-même, de ses ancêtres. Ce far breton était consommé le vendredi soir. Tous les autres soirs de la semaine, on servait du kig ha fars avec, en guise de kig, un grosse tranche de lard bien gras. Mais le vendredi, on faisait maigre. Donc, point de kig. On servait alors le far. C’est ainsi que ma grand-mère à qui le gras très gras du lard donnait des hauts le cœur, attendait le vendredi avec plaisir.
Nous dirons donc que la recette du far que je vais présenter est celle du far du vendredi.
Des créatures pustuleuses ont inventé un far vomitoire pour touriste, le clafoutis merdeux, dans lequel ils mettent des pruneaux (comme s’il y avait des pruneaux en Bretagne !) ou des raisins (comme s’il y avait des raisins en Bretagne !) ou de la vanille (comme s’il y avait de la vanille en Bretagne !) ou du rhum (comme s’il y avait du rhum en Bretagne !). La recette présentée sur Marmiton.org cumule ces quatre hérésies. Je propose donc de faire un autodafé de cette page Internet.
Pour faire un vrai far breton pour 4 à 6 personnes, selon gourmandise, il faut :
– 250 grammes de farine ordinaire type 45
– 150 grammes de sucre en poudre (130 grammes vont très bien si l’on aime pas le très sucré comme c’est la mode de nos jours.
– 4 œufs (5 s’ils sont petits)
– 1 litre de lait (entier de préférence)
– du beurre demi-sel (quantité variable selon la taille de la « case »)
On mettra en route le four à 250 degrés.
On fera chauffer le lait pendant qu’on prépare la pâte, jusqu’à ébullition.
Dans un saladier on mélangera la farine et le sucre. On fera un puits dans lequel on mettra les œufs. On mélangera le tout progressivement jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène.
On préparera la « case » dans laquelle cuira le far. On choisira un plat épais (moule à tartes à rejeter). Le meilleur choix est le plat en fer émaillé datant d’autrefois (il n’en reste plus qu’un et c’est moi qui l’ai). Le plat en terre va très bien. Le plat en verre aussi, mais c’est vraiment le dernier choix. La case sera beurrée à gogo. Vraiment à gogo.
Lorsque le lait sera bouillant, on le versera progressivement dans le saladier contenant la pâte en délayant soigneusement pour qu’il n’y ait point de grumeaux. Ne pas rejeter la peau du lait. On pourra verser de plus en plus vite, au fur et à mesure que la pâte sera délayée. On doit obtenir quelque chose qui ressemble à une pâte à crêpe plus liquide que la normale.
Ensuite, et dans la foulée :
– On versera la pâte dans la case.
– On pourra mettre encore quelques petits morceaux de beurre flottants.
– On enfournera la case dans le four brûlant (c’est capital), chauffage normal haut et bas.
Le far du vendredi pendant la cuisson
Le temps de cuisson est variable selon le type de four. La cuisson doit produire quelques montagnes qui disparaîtront à la sortie. Elle sera pratiquement terminée quand le four dégagera l’odeur caractéristique du far en train de dorer. Ce sera le moment de rectifier la hauteur de la grille dans le four, ou de passer sur gril seul pour dorer la surface si elle ne l’est pas assez. On peut aller jusqu’à une couleur foncée, mais non brûlée.
On mangera le far tiède, avec les doigts. On peut le tiédir au four avant de servir.
……………………
Le lendemain, on découpera les restes de far (s’il n’en reste pas c’est qu’on n’en a pas fait assez) en petits carrés ou rectangles qu’on fera frire doucement à la poêle dans du beurre demi-sel. On fera une petite pluie de sucre en poudre qui caramélisera un peu, ajoutant un petit presque croquant délicieux.Sur le plan diététique, on conseille de servir le far au dîner précédé exclusivement d’une salade. Quant aux petits morceaux poêlés du lendemain, on espère pour la santé des consommateurs qu’il n’y en aura pas trop.
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