Plus de samedi matin à l’école. Chouette !

Plus de samedi matin à l’école. Chouette !

ecole.1190941329.jpgVoilà enfin qu’on annonce une bonne nouvelle. Les écoliers n’auront plus classe le samedi matin. Le gouvernement sarkozyble ne nous avait pas habitué à tant de discernement. Malheureusement, il faut craindre qu’il soit animé par des considérations plus démagogiques que pédagogiques.

 

Et aussitôt, agitation de tous les experts et autres associations et question stupide des journalistes: « Par quoi va-t-on le remplacer ? »

Pourquoi remplacer ?

Le ministre a certainement d’abord pensé à tous les parents qui en ont assez de se lever tôt le samedi matin pour conduire les petits à l’école. C’est peu comme argument, mais il compte. Mais d’un autre côté, y a-t-il une durée horaire annuelle de travail des écoliers ayant été scientifiquement déterminée sur des bases biologiques, physiologiques et psychologiques sérieuses ? Il n’en est rien.

Autrefois, l’année scolaire commençait le 1er octobre et durait jusqu’au 14 juillet. Il n’y avait de vacances qu’à Noël et qu’à Pâques. Les élèves sortaient-ils plus bêtes que maintenant ? Puis, c’est arrivé quand j’étais encore scolarisé, on a avancé la sortie au 30 juin. Trois mois de « grandes vacances », c’était vachement bien. Puis, on s’est mis à inventer de petites vacances, à la fois pour des motifs convenables de chrono-biologie et pour favoriser l’industrie des sports d’hiver en février. C’est ce dernier objectif qui a conduit au décalage des zones pour ne pas encombrer trop les pistes à certaines périodes, tout en sachant quand même que les enfants qui peuvent profiter d’une semaine à la montagne sont une minorité.

Qu’est-ce qui est bien, alors ?

La première considération doit absolument porter sur la longueur de la journée. Aucun adulte n’est capable de travailler six heures dans une journée, avec le niveau d’attention qu’on demande aux écoliers. C’est tout aussi vrai pour les collégiens et les lycéens. Apprendre, comme on a trop coutume de le vouloir faire faire, c’est à dire en écoutant un orateur, parfois soporifique, est une position psychologique intenable. On voit bien que les adultes, au travail, s’offrent des pauses régulières ou irrégulières dans la journée.

Hier, j’ai fait un cours dense pendant une heure et demie. Un vrai cours. Un exposé vivant, sans notes évidemment. Les auditeurs sont restés attentifs, c’est vrai, mais c’était parce que cet exposé était exceptionnellement facile à suivre parce que fait par quelqu’un qui connaissait parfaitement son sujet et qui est un bon orateur. Mais à la fin, ils étaient rouges et farcis !

Apprendre est quelque chose d’effroyablement difficile qui implique à la fois la qualité de celui ou du dispositif qui apporte les connaissances et la part indispensable d’activité personnelle de l’apprenant. Mais on sait bien que l’efficacité de l’apprentissage n’est pas lié à la durée. D’autres éléments entrent en compte, telle la motivation et l’implication personnelle, par exemple. En d’autres termes: Il n’y a pas de relation entre la durée d’un apprentissage et la qualité de celui-ci. Partant de cet axiome, poser la question de savoir comment on va « remplacer » le samedi matin est une ânerie. La vraie question est de savoir comment produire des enseignement méthodologiquement bien construits tout en tenant compte de la variation de l’attention au cous de la journée.

On sait, par exemple, qu’il y a des périodes plus propices que d’autres. La fin de la matinée est très mauvaise, pour une part en relation avec la mauvaise qualité diététique du petit déjeuner français. Contrairement à ce qu’on croît, la vigilance est bonne vers 16 heures. En clair, il ne faudrait éviter les maths en fin de matinée et en début d’après-midi. Et l’on voit bien que, pour des raisons techniques d’organisation des emplois du temps, on ne le fait pas, notamment dans les collèges et lycées. Quant à l’Université, n’en parlons pas !

Du coup, on voit bien que la question de la durée des journées et de l’année scolaire n’a aucun intérêt. Mettons de bons enseignants devant des classes d’effectif acceptable avec des méthodes pédagogiques convenables (ce qui élimine d’emblée certaines méthodes qui ont germé dans l’esprit de certains soi-disant « spécialistes » qui hantent les IUFM et certaines sphères ministérielles), avec des élèves qui ont par ailleurs des conditions de vie qui les perturbent peu, alors la question de la durée ne se posera plus du tout.

J’ai cependant entendu des arguments qu’il faut bien prendre en compte. Certains enseignants de quartiers difficiles, comme l’on dit, estiment qu’il est bon que l’école soit ouverte le samedi matin pour éviter que les enfants ne traînent encore une demi-journée de plus où ne se vautrent devant la télévision. Argument recevable. Mais la question de la durée du temps scolaire de toute la nation ne peut pas être asservie à ces considérations. Autrefois, on prenait en compte les activités agricoles dans la France rurale (moissons, vendanges, etc.). Mais pouvait-on pour autant légiférer de la même façon pour les citadins ?

Alors ?

Alors, on peut prendre le parti de libérer le samedi matin pour que les enfants bénéficient d’un week-end complet avec leur famille. Mais ceci ne doit pas forcément être compensé par des minutes prises ici ou là ou des journées ajoutées là ou ici. On doit aussi être attentif à débarrasser les programmes et autres directives du gavage scolaire dont on sait bien qu’il ne sert qu’à faire apprendre aujourd’hui ce qu’on aura oublié demain. On veillera à pratiquer des méthodes « actives » (Célestin Freinet, réveille-toi). Enfin, on n’oubliera pas, dans les quartiers ou les communes « sensibles » à proposer plus qu’ailleurs des activités péri-scolaires pour que les familles qui ont conscience du péril puissent y inscrire leurs enfants.

Vivent les vacances. Si on n’en peut jouir à 10 ans, où va le monde.

 

 

 

Bakounine

1 commentaire pour l’instant

Zephir Publié le14h48 - 28 septembre 2007

Un exposé riche, qui dresse un état des lieux qui prends l’eau de tout part, mais qui rappelle les fondamentaux de l’apprentissage.